mardi 1 mars 2016

les draps du rire



....
Faudrait plus y penser
Facile
Fermer le livre
L’abandonner au hasard sur une étagère
Laisser la poussière se déposer, lentement
L’oublier
Mais c’est plus fort que moi, je sais qu’il est là
Et puis zut !
« Quoi zut ? Tu écris encore cette histoire ? Tu as repris le livre de tout le mal ? »
Six heures, encore deux heures de nuit. Encore deux heures à épuiser. Une cigarette après l’autre, attendre les premières lueurs. Les grands arbres sanglants là-bas dans le loin du jardin.
Deux heures de rien.
J’ai essayé
Tu sais bien A. que j’ai essayé
Essayé d’oublier le frôlement des pas
Essayé d’oublier le bruit des clefs
Essayer d’oublier
« Oublier ? »
Oui, oublier les cris la nuit
Oublier le grand aplat jaune
Comme une obsession, jusqu’à la brûlure, fixer ce coin de mur
« C’est loin tout ça maintenant ! Reviens ! »
Détailler chaque grain de ciment, sentir l’explosion de lumière derrière les paupières chargées de sel
« Arrête maintenant ! »
Une cigarette après l’autre
Une manie de là-bas
Deux heures de temps, deux heures de rien.
Les pires heures
Ecouter l’autour s’éveiller
Deux heures encore avant d’enfiler le costume de l’autre
Si tu savais A. comme j’ai peur encore, peur de ne plus savoir.
« De ne plus savoir ? Mais de quoi as-tu peur ? »
De ne plus savoir vivre, de ne plus savoir rire
                                                                   ....

(Texte initialement publié chez @Rixilement dans le cadre des Vases Communicants de février 2016)

2 commentaires:

  1. Réponses
    1. Merci Dominique. Me souviens d'avoir fait ça à l'arrache quelques minutes avant minuit, l'heure fatidique du partage.

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