Dans le rétro.


L’apocalypse promise depuis des lustres n’ayant pas eu lieu, 2012 peut s’achever en douceur.

Ici ou là vont fleurir les rétrospectives sur ce qui a fait l’actualité de cette année presque écoulée. Il est donc temps pour le petit bonhomme de donner un coup d’œil dans le rétro et de partager avec vous en quelques images les évènements qui l’ont marqué cette année.

- Bien sûr arrive en tête l’élection de François Hollande, septième président de la Vème République et le second de gauche, après François Mitterrand élu en 1981 et en 1988. Plus que les images du soir du 6 mai, ce sont d’autres images qui ont retenu mon attention, celles du 2 mai 2012. Un débat d’entre deux tours dans lequel chacun des candidats en lice avance son argumentaire ; classique ; jusqu’à ce que François Hollande martelant l’anaphore « Moi, Président de la République » n’égratigne son adversaire.


- 26 novembre 2012, début de la 28ème campagne des restos du cœur. L’accroissement de la très grande pauvreté devient très préoccupant en France, les destructions massives d’emplois, la grande précarité dans laquelle s’engluent les mères célibataires et phénomène émergent, le nombre sans cesse croissant de petits retraités ayant recours à la solidarité font dire à Olivier Berthe que la cantine de Coluche à « encore un bel avenir ». Pour mémoire les restos ont distribué cent quinze millions de repas en 2011. Et pendant que des étoiles aux pieds chaussés d’or s’ébrouent joyeusement sur la verte pelouse du Stade de France, une autre lutte est en cours, pas loin. Deux mondes se côtoient, s’ignorent.


- Plus loin de nous, un bidule nommé Curiosity foule depuis le 06 août le sol martien à la recherche de je ne sais trop quelles traces de je ne sais trop quoi qui aurait pu permettre l’apparition d’organismes vivants. Tout un programme...pour un machin qui aura couté 2,5 milliards de dollars (environ).


- 25 août 2012, Neil Armstrong, le premier homme à avoir posé le pied sur la surface de la lune, disparait. Un évènement lointain que ce 21 juillet 1969, j’avais deux ans et quelques brouettes et pourtant je m’en souviens, ou peut-être est-ce lié à un autre évènement ? J’associe toujours deux choses, cet homme si loin de nous et la rénovation d’une église à proximité de mon école maternelle, je sais, les deux faits n’ont rien à voir l’un avec l’autre et pourtant ils sont indissociables pour moi. A creuser...


- Sept morts dont trois enfants, six personnes blessées, tel est le lourd bilan de celui qui a été désigné sous le surnom du « tueur au scooter ». Un mois de mars 2012 qui aura été fatal à Mohammed Merah 23 ans. Cerné par le RAID, après une trentaine d’heures de siège, le meurtrier décède les armes à la main en djihadiste, abattu par les forces de l’ordre. Un nouveau martyr pour l’Islam radical ?


- Plus léger, Félix Baumgartner passe à la postérité en devenant le premier homme à avoir franchi le mur du son en chute libre après avoir sauté d’une altitude de 39 km le 14 octobre. Truc de fou, quand on pense qu’il m’arrive d’avoir le vertige en changeant une ampoule au plafond...


- On termine en musique. Comme vous, oui vous là, pas la peine de vous retourner, c’est bien de vous dont je parle ! et comme 1 077 111 387 autres zozos j’ai regardé Gangnam Style. Pas de commentaire. Un truc qui va passer de mode bien vite (j’espère).
Bon je disais on termine en musique. Oui, je sais, cette vidéo est sortie fin 2011, comme je ne l’ai découverte que début 2012 elle fera partie de cette rétro. C’est qui le taulier ? Je suis resté scotché des heures à écouter ces variations sur un même thème, pas mieux ni pire qu’autre chose, juste le son qu’il me fallait à un moment donné. Un son qui m’a encore accompagné pendant que je préparais ce billet.



Un billet qui est aussi l’occasion de souhaiter une très belle année 2013 à mes camarades de jeu.

dimanche 23 décembre 2012

Conte de Noël.


Les rideaux sont tirés, la pénombre habite depuis longtemps cette maison isolée en haut du village, oubliée.

Seules quelques flammes fatiguées et le halo timide de la lampe éclairent la vieille joue couverte de crin blanc que le fil du rasoir n’a pas caressé depuis l’autre dimanche. Les lentes volutes d’une cigarette posée s’accrochent aux fils tissés patiemment par l’araignée domestique.

L’homme est assis, immobile.

Sur ses genoux une vieille boite en carton aux couleurs passées, usées par le temps. Vingt ans que la boite n’avait pas été ouverte, il l’avait rangée ce matin là, ce même matin il avait arrêté le balancier de la pendule qui avait rythmé leurs heures communes.

Ils n’étaient pas nombreux ceux qui l’avaient accompagnée dans ce dernier voyage, le prêtre, quelques voisins aussi. Pas d’enfant, pas de parent non plus. Au retour, l’homme avait regardé longtemps la table de travail sur laquelle elle restait penchée pendant de longues heures ; il la voyait encore, attentive à pousser doucement l’aiguille, la tête un peu penchée sur l’ouvrage. Il entendait encore le bruissement ténu des ciseaux fendant la toile, il voyait encore les doigts graciles que l’âge avait rendus fragiles assembler les tissus précieux qui habilleraient les jeunes femmes quand elles iraient au bras du père s’agenouiller devant l’autel. Parfois, pas souvent, pour s’amuser un peu, elle sortait ses écheveaux de fils de coton de couleur et elle brodait les initiales des promis sur des torchons de toile rude.

L’homme, ce matin de Noël 1992, avait balayé la table d’un grand coup du plat de la main, il savait bien que la colère ne servait à rien et pourtant il n’avait pas réussi à retenir la violence de son geste. Puis il avait ramassé et rangé une à une dans le tiroir de la commode toutes ces choses qui lui rappelaient les heures passées. Maintenant il savait qu’elle ne viendrait plus doucement se pencher sur le haut dossier du fauteuil dans lequel il était accoutumé de lire, il savait qu’elle ne lui retirerait plus le livre tombé des mains pour le poser sur la table basse pendant qu’il dormait.

Il savait qu’il était seul.

Il avait continué pourtant de vivre lentement, n’ayant pour toute compagnie que le vieux greffier. Il avait occupé sa solitude à parcourir le monde en compagnie de ses auteurs préférés.

Cette boite de fils, il l’avait laissée au fond du tiroir de la commode pendant toutes ces années. Jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à ce matin de cet autre Noël. Il avait voulu revoir une fois encore les couleurs des cotons. Il voulait saisir une dernière fois les images presque effacées des heures précieuses.

Il voulait revoir les couleurs oubliées avant de fermer les yeux une dernière fois.

L’homme est assis, immobile.

Une larme s’est arrêtée au bord des crevasses creusées par le temps sur le vieux visage qu’un dernier sourire habille. De la main que le froid gagne petit à petit, s’échappent les fils de la mémoire.

dimanche 2 décembre 2012

lundi 26 novembre 2012

Dernier recours


La presse quotidienne, les radios, les télévisions et Yann Savidan ont largement relayé l’information aujourd’hui : ce lundi s’ouvre la nouvelle campagne des Restos du Cœur et ce jusqu’à fin mars.

Lancée en septembre 1985 par le très regretté Coluche, ce qui ne devait au départ n’être qu’une opération de courte durée en est aujourd’hui à sa vingt-huitième année d’existence.

Cent quinze millions de repas ont été distribués l’année dernière et ce chiffre devrait selon les responsables encore augmenter cette année.
Olivier Berthe, président des Restos, évoque une augmentation de 5 à 7 % du nombre de bénéficiaires inscrits.

Le chômage de longue durée, l’augmentation et l’aggravation de la précarité, les mères célibataires en grande difficulté de plus en plus nombreuses font que les chiffres ne cessent d’augmenter depuis cinq ans. Autre phénomène observé depuis quelques temps, la part croissante de personnes âgées obligées d’avoir recours à la solidarité. Devant l’afflux de ces nouveaux bénéficiaires une antenne spécialement dédié a même été ouverte à Montreuil. Promis à « un bel avenir » selon le responsable en charge de cette structure, ce dispositif aux horaires adaptés pourrait rapidement se développer dans d’autres centres des Restos.

J’entendais ce matin sur une radio le témoignage émouvant d’une mère de trois enfants, seule depuis peu, qui, une fois le loyer prélevé, déduit la part réservée au chauffage et quelques factures payées, se retrouve presque sans un sou pour nourrir ses enfants. Elle évoquait, dignement, les Restos du Cœur comme étant le dernier recours.

Et ce dernier recours est en danger. Le programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD) pourrait être revu à la baisse, ce qui entraînerait inévitablement des difficultés de fonctionnement pour des associations comme la Croix Rouge, le Secours Populaire, les banques alimentaires et bien sûr les Restos, toutes ces structures aujourd’hui (encore) indispensables qui œuvrent à aider les plus fragiles d’entre nous.

Peu m’importe qui des précédents gouvernements ou de celui nouvellement installé doit être comptable de la misère qui existe dans notre pays. Yann le soulignait très justement ce matin : « Plus que jamais aujourd’hui, il est nécessaire et urgent de se serrer les coudes autour de celles et ceux qui sont dans la misère. »

Jean-Marc Ayrault en visite aujourd’hui dans un des centres des Restos a plaidé en faveur d’un maintien de l’aide européenne, François Hollande a fait de la lutte contre la précarité une priorité.

La solidarité ne doit pas être un vain mot, je compte que nos dirigeants politiques ne l’oublieront pas.

Vous pouvez aider les Restos ici.

samedi 24 novembre 2012

Un ciel par jour (ou presque) : 24 novembre 2012

La seule consolation de ce ciel bouché, c'est que dans cette immensité de gris il peut y avoir mille couleurs.

samedi 24 novembre 2012 11h46

jeudi 22 novembre 2012

Ce handicap invisible.



J’ai lu ce matin un billet de @lolobobo au sujet de l’illettrisme en France.

L’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme annonce qu’aujourd’hui en France trois millions de personnes, bien que pour la plupart elles aient été scolarisées, éprouvent des difficultés avec l’écrit. Afin de mieux aider ces personnes à vaincre les difficultés du quotidien l’ANLCI souhaite que l’illettrisme soit déclaré grande cause nationale en 2013.

Il est assez rare que je parle de la société qui m’emploie (un petit indice, cette entreprise est leader mondial des arts de la table, un petit effort c’est facile !).

Exception à ma règle, j’évoquerai une initiative que je trouve formidable. Chaque année et ce depuis plusieurs années maintenant, des collaborateurs qui éprouvent des difficultés avec ce qu’il est convenu de nommer « les savoirs de base » peuvent une fois par semaine, et ce pendant toute la durée de l’année scolaire, bénéficier de cours adaptés au sein de notre centre de formation.

Au-delà de cette initiative que je salue, j’éprouve surtout un immense respect pour ceux (et j’en côtoie quelques-uns au quotidien) qui ont le courage ; pour certains passé la cinquantaine ; de reprendre le chemin des cours.

Je vous laisse juste imaginer, vous qui me lisez, combien il doit être difficile de dire que oui on a des difficultés à lire, à écrire.

Je vous laisse juste imaginer, dans le monde cruel qu’est celui de l’entreprise, quel peut être le regard des collègues qui apprennent tout à coup que ce qui pour la plupart d’entre nous est aussi simple que de respirer est pour eux insurmontable.

Je vous laisse enfin juste imaginer une seconde ce que pourrait être votre vie dans une société dans laquelle l’écrit a pris une place prépondérante si tout à coup vous perdiez l’usage de la lecture.


Alors, pour que 2013 soit l’année de la lutte contre l’illettrisme je vous invite à soutenir l’action de l’ANLCI ici.

jeudi 8 novembre 2012

De l'amertume du café. 1.422.000


Chaque matin, comme bon nombre d’entre vous d’ailleurs qui prenez la voiture pour vous rendre au travail, j’écoute les infos. Souvent je n’y prête qu’une oreille distraite.

Pas ce matin.

Un chiffre m’a durablement marqué.

1.422.000

Il ne s’agit pas du montant insolent du salaire de je ne sais quel nouvelle étoile du football, il ne s’agit pas non plus du nombre d’albums vendus par notre Johnny national cette année, ni encore de la rémunération pour une heure de parlotte distillée dans un anglais hésitant par le tout nouvellement autoproclamé conférencier spécialisé en économie.

Non rien de tout ça.

Il s’agit du nombre de bénéficiaires accueillis par le Secours Catholique en 2011(dont 668.000 enfants).

Parmi ces bénéficiaires, 68 % vivent sous le seuil de très grande pauvreté (environ 650€/mois).

Ces chiffres donnent le vertige.

Si vous souhaitez en savoir plus, le rapport statistique complet du Secours Catholique est .

De l'amertume du café. Je ne suis pas blogueur politique.


 « S'il fallait connaître quelque chose en politique pour en parler, ça limiterait l'intérêt de la démocratie et la recette des bistros. »


Si je reprends ici cette citation qui adorne un des blogs de Nicolas, c’est que ce qui va suivre est assez inhabituel venant du petit bonhomme, ce ne sont cependant que ressentis et impressions par rapport à ce que j’ai lu ici ou là hier à propos des quelques mesures annoncées faisant suite au rapport Gallois.

Petit retour en arrière.

J’avais lu le récit ; maintenant disparu ; de cette jeune femme qui se souvenait encore petite fille avoir assisté à la victoire de François Mitterrand, qui se souvenait aussi s’être rendue, la main dans celle de son père, à la fête qui avait suivi au soir de ce 10 mai 1981. Que de possibles alors, une autre époque.

DSK définitivement out après l’affaire que l’on sait, François Hollande était le seul capable de lutter contre Nicolas Sarkozy, le seul capable à gauche de remporter l’élection présidentielle. Et pourtant déjà pendant la campagne pour cette dernière élection, je n’ai pas senti cette « fièvre » s’emparer de nos concitoyens. Bien sûr la bataille a été rude, belle, âpre parfois. Bien sûr la victoire de François Hollande après les cinq années que nous venions de passer au rythme effréné de son prédécesseur ne pouvait laisser augurer que d’une période d’apaisement, de changement.

Sauf que.

Les lendemains qui chantent sont définitivement à mettre au rang du passé.

Les difficultés à affronter aujourd’hui sont énormes, l’économie va mal, le chômage et la précarité suivent des courbes ascendantes. Les réformes attendues n’arrivent peut-être pas aussi rapidement que l’on pourrait le souhaiter ?

Facile sans doute de critiquer, à droite aussi bien qu’à gauche d’ailleurs. Facile de croire que d’un seul coup, le gouvernement en place pourra retourner la situation, remettre les indicateurs au vert. Je peux comprendre que certains soient déçus, amers au regard des dernières annonces.

Mais crier à la trahison ? Accuser de mensonge ?

Signe des temps sans doute.

mardi 30 octobre 2012

L'attente.


Au croisement de deux petites rues, une maison en cours de rénovation, presque finie.
A la fenêtre ... un mannequin attend. 
Le retour des ouvriers ? Le propriétaire des lieux ? Un valeureux chevalier sur son fier destrier ?

Curieuse rencontre...






lundi 22 octobre 2012

Touche pas à ma blogosphère !


Bien qu'insignifiant à l'échelle blogosphèrique et même s'il n'a jamais été inscrit au bouzin, le petit bonhomme s'associe à ses camarades de jeu. 
Ne serait-ce que pour dénoncer les actions de ces sites d'extrême-droite qui par des moyens plus que douteux essaient de toucher le plus grand lectorat possible, le petit bonhomme ne pouvait rester muet.

Touche pas à ma blogosphère! #touchepasmablogo

Nous, blogueurs et blogueuses, et avant cela citoyens et citoyennes, tenons à jour sur le web des chroniques, incluant du texte, des photos, des vidéos, de la musique. Ils sont le fruit de nos réflexions ou de nos humeurs, à propos de l’actualité politique ou culturelle, sociale ou sportive, ou dans des secteurs plus spécialisés tels que l’histoire ou la cuisine, la photographie ou les nouvelles technologies… Nous produisons un contenu dont nous sommes les auteurs, chacun et chacune à son propre rythme, selon ses propres centres d’intérêts ou ses compétences, chacun et chacune avec son expérience personnelle, sa sensibilité. En un mot, nous tenons des blogs.
 
Des hommes et des blogs

Chacun de nos billets de blogs est l’occasion de susciter des avis, des commentaires, des questions, des discussions, à l’occasion du débat. En un mot, de l’interaction. Les internautes qui « nous rendent visite » sont parfois blogueurs eux-mêmes. En commentant « chez nous », ils nous permettent de découvrir leurs propres blogs et ainsi d’étendre notre réseau, nos liens : ce que nous nommons la blogosphère. Avec le temps, parce que derrière chaque blog il y a un homme ou une femme, sa réalité, des affinités se nouent, des rencontres ont lieu, des sourires sont échangés. La supposée virtualité a alors fusionné avec le réel. 

Telle est notre vision du réseau social qu’est la blogosphère. Elle est tout sauf fermée, froide et aseptisée. Elle est au contraire ouverte sur la vie, bouillonnante, source d’autant d’amitiés durables que d’irréductibles inimitiés, et l’on peut même de temps à autre s’y faire insulter copieusement. Elle est tout simplement le meilleur et le pire de ce que sont les gens, de ce que nous sommes. Elle est vivante.

Des blogs et des liens

La société Wikio avait en son temps joué un rôle important dans l’émergence de cette communauté de blogs, et donc de blogueurs et de blogueuses. Wikio assurait la promotion des blogs, leur apportait un surcroît de visibilité, et eux-mêmes le lui rendaient bien. Et puis la petite société est devenue plus grande, elle s’appelle aujourd’hui Ebuzzing et a de nouvelles ambitions. 

Dans un premier temps, Ebuzzing a choisi de préserver l’outil qui avait fait la popularité de Wikio auprès des blogueurs, ses classements des blogs, se contentant d’adapter ceux-ci aux évolutions majeures d’Internet, l’émergence de Twitter par exemple.

Basés sur les liens entre blogs, divisés en catégories – politique, sport, technologies, société, etc… -, ces classements permettaient dans une certaine mesure d’apprécier le poids de chaque blog dans la blogosphère, l’étendue du réseau de chacun, pas nécessairement son audience. C’était intéressant ou amusant, pertinent ou farfelu, utile ou inconséquent, les avis étaient partagés. Chacun d’entre nous savait cependant y retrouver une photographie plus ou moins déformée de la communauté ou des communautés que nous formons.

Des blogs sans blogueurs

Mais récemment, l’outil est devenu tout autre chose. Des blogs institutionnels, des blogs de personnalités dont les médias traditionnels font la notoriété, ont été intégrés à la liste des blogs. Pis encore, des agrégateurs de liens et de contenus, des sites semi-professionnels, ont soudainement rejoints les bases de données d’Ebuzzing, y compris des sites d’extrême-droite qui usent à grande échelle de méthodes plus que suspectes pour gagner en notoriété – démultiplication de pseudos, retweets automatiques en masse, commentaires copiés-collés de manière industrielle, etc…

Les uns ne sont pas des blogueurs, les autres ne sont pas des blogs. Autant considérer comme des blogs  Atlantico et le Huffington Post, les sites du Figaro et de Libération. Et pourquoi pas les pages Google News ?

De fait, les classements de « blogs » d’Ebuzzing ne nous parlent plus de la blogosphère, ne sont plus en « lien » avec elle et de qui nous y est commun, ce qui nous fait vibrer, fait sens et nous motive. Plus grave, il apparaît évident que tout ceci, cette définition nouvelle de la blogosphère que voudrait imposer une société de droit privé, nous englobant dans tout autre chose que ce que nous sommes, vise à nous étouffer, à faire taire notre spécificité : celle d’une parole libre venue d’un endroit d’où il n’est pas habituel qu’on parvienne à l’entendre, la parole des citoyens. Car la blogosphère n’est que cela, la caisse de résonance des citoyens et de leur diversité – diversité d’opinions et de centres d’intérêts, diversité sociale et professionnelle. La blogosphère, finalement, c’est le média de ceux qui n’en ont pas.

La blogosphère se rebiffe

Le choix fait par Ebuzzing est un choix politique. Nous en sommes d’autant plus convaincus que Pierre Chappaz, son patron, est aussi un des fers de lance du mouvement des « pigeons », un homme qui s’affiche sans ambiguïté en tant que libéral – ce qui ne nous pose aucun problème en soi – et qui, tenant lui-même un blog, a choisi de le faire figurer dans les classements établis par sa propre entreprise selon des algorithmes qu’il est seul à connaître, prenant de facto le risque du conflit d’intérêt, donc du soupçon. 

Considérant que Pierre Chappaz devenait en cette affaire juge et partie, nous le laissons seul juge de ses choix et décidons de partir, afin de ne pas cautionner plus longtemps une conception de la blogosphère qui ne repose plus sur aucune réalité. 

Nous, blogueurs et blogueuses, 1er, 10ème, 100ème ou dernier des classements actuels, avons décidé de ne plus en être et avons exigé de Wikio-Ebuzzing la suppression de nos blogs de ses listes. Parce que nous ne saurions nous retrouver à servir les intérêts commerciaux d’une société et les nouvelles ambitions politiques de son patron. Parce que nous refusons que la blogosphère, dont nous sommes à la fois le cœur et les poumons, puisse ce faisant se trouver assimilée à – et finalement dissoute dans – quelque chose de plus vaste et qui ne lui ressemble pas, et d’où les blogs ne sauraient plus être visibles et les blogueurs se faire entendre.

Vous trouverez ci-dessous une liste non exhaustive des blogueurs et blogueuses (ainsi que leurs comptes Twitter) qui ont signé cette tribune:

 
  1. A perdre la raison@melclalex
  2. Le chiffonnier dans le jardin@MarieEngagee
  3. Chez El Camino@elc95
  4. Le blog de corinne morel darleux@cmoreldarleux
  5. Chez l’vieux@yannsavidan
  6. Partageons mon avis@jegoun
  7. Les coulisses de Juan@sarkofrance
  8. Les échos de la gauchosphère@JesuisCethomme
  9. Lyonnitude@romainblachier 
  10. Les chroniques de Juan@sarkofrance
  11. Bah !? by CC@cycee
  12. Reservus@bembelly
  13. Blog de David Burlot@davidburlot
  14. Affichage libre@elooooody
  15. Le cri du peuple@cridupeuple
  16. Le blog de Captainhaka@captainhaka
  17. Rimbus le blog@rimbus
  18. Mon Mulhouse@ericcitoyen
  19. Trublyonne@trublyonne
  20. Saint-Pierre-des-Corps, c’est où ça ?@dadavidov
  21. Le blog de Louis Lepioufle@louislep
  22. La Renovitude, @nico_LdT
  23. Les bas-fonds de Juan@sarkofrance
  24. Chez dedalus@zededalus
  25. Et ma main dans la gueule ?@elc95
  26. Pudding dans l’arsenic@mehdiyanis
  27. La femme de George@mrsclooney
  28. Ce que je pense@bembelly
  29. Au comptoir de la comète@jegoun
  30. Les photos de chez El Camino@elc95
  31. Partageons nos agapes@jegoun
  32. De tout de rien sur tout de rien d’ailleurs@detoutderien
  33. Le p’tit cagibi de GdeC, @JesuisCethomme
  34. Mon mulhouse bio, @ericcitoyen
  35. Partageons l’addiction@jegoun
  36. Alter-Oueb@alteroueb
  37. RéflexionPolitique.net@gillessauliere
  38. Le coin politique de dedalus@zededalus
  39. Dadavidov homepage, @dadavidov
  40. Woof it@O_bi_Wan
  41. Vu zou Lu là@dadavidov
  42. Ça sent le vomi@JesuisCethomme
  43. Partageux @Unpartageux
  44. Les Témoins du temps présent@lino83
  45. A gauche pour de vrai@sydne93
  46. Le jour et la nuit@JeandelaXR
  47. Voie militante@voiemilitante
  48. Regarder le ciel@regarerleciel