lundi 30 avril 2012 |
lundi 30 avril 2012
dimanche 29 avril 2012
samedi 28 avril 2012
Quelques notes pour les oreilles [3] Frankie Goes to Hollywood
Finalement j’aime bien les
samedis après-midi pluvieux. Quand il n’y a rien de plus urgent à faire que de
laisser au temps le temps de s’écouler, doucement. Ecouter aussi la pluie têtue
tambouriner sur les fenêtres de toit.
Un tour par les étagères
surchargées de piles branlantes de livres, y piocher au hasard le premier
bouquin venu et relire quelques passages, quelques chapitres.
La main est parfois heureuse,
pas grand-chose de mieux que de tomber sur un bouquin de Grangé (le concile de
pierre) quand on n’a pas trop envie de se prendre la tête sur des lectures trop
ardues...
Pendant que les yeux avides de
mots chevauchent les lignes, l’oreille se souvient d’un vieux son du début des
années 80.
Le son de Frankie Goes to Hollywood,
un des groupes phare de la new wave de ces années bénies, ces années du lycée,
années d’insouciance faites de cafés crèmes, de parties de flipper ou de baby
foot. Les virées en mobs avec les potes.
Un court extrait du roman de
Grangé :
«D’abord, Frankie était un
groupe de durs, de voyous, directement issus de Liverpool. C’était aussi un
groupe post-disco, qui avait mûri un sens du rythme, du groove, à envouter n’importe
quel arpenteur de piste de danse. Enfin, Frankie était un groupe gay. Et c’était
le plus cinglé : cette déferlante de hurlements, de pulsations barbares,
de slogans véhéments émanait d’une bande de folles qui semblaient sorties droit
de la cour de Louis XIII. Cette caractéristique donnait à ces musiciens une légèreté,
une mobilité, une agilité hallucinante. Ainsi le cinquième membre du groupe ne
jouait d’aucun instrument. Tout juste chantait-il... Il dansait simplement, il
était « l’homme en mouvement », à l’arrière de la scène, roulant des
clavicules dans son blouson de cuir. Diane en frissonnait : oui, vraiment,
Frankie était un groupe enchanté. »
vendredi 27 avril 2012
jeudi 26 avril 2012
Au fil des pas [7] A ceux qui ont fait le chemin.
E
|
n feuilletant la presse locale
il y a quelques jours, j’ai eu la surprise de lire un article relatant les deux
périples que mes parents ont fait vers Saint Jacques de Compostelle. (Bon
d’accord, une demie-surprise puisque j’avais rencontré chez eux la journaliste
qui était là pour les interviewer). Si je n’avais jamais eu les yeux embrumés à
la lecture de cet hebdomadaire, c’est maintenant chose faite.
Je ne sais trop quel hasard a
fait que cette jeune journaliste a eu vent de ces voyages ; c’était il me
semble au cours d’un repas réunissant les anciens du village qu’elle couvrait ...peu
importe. Toujours est-il que l’article est là.
Dès la première fois que mes
parents ont évoqué la possibilité de faire ce voyage, j’ai su pourquoi ils
allaient tenter l’aventure, pourquoi ils avaient fait cette promesse. Ce n’est
que plus tard, bien plus tard qu’ils nous en ont parlé, qu’ils nous en ont
dévoilé les vraies motivations...
Si pour une raison ou une autre,
un événement venait à les empêcher d’aller au bout du Chemin, je m’étais
promis, sans en parler à qui que ce soit, que je le reprendrai là où ils
l’auraient laissé. Même si je ne crois pas en l’existence d’un Dieu qui guide
nos pas, même si je ne crois pas en l’existence d’un Dieu protecteur, j’aurais
repris le flambeau, juste pour eux, seulement pour que l’un de nous mène à son
terme ce projet. Je n’ai pas eu à le faire.
Ce n’est pas un, mais deux
voyages qu’ils ont accompli finalement, le premier, du Puy en Velay à Saint-Jacques et le second, de Lisbonne à Saint-Jacques.
Je les ai imaginés traversant
ces paysages magiques de l’Aubrac, je les ai vus courbés sous le poids des sacs
à dos, bravant les trombes d’eau qui se sont déversées un moment sur leurs
vieilles épaules. J’ai plus tard senti la morsure du soleil de midi quand ils
ont traversé les grandes plaines désertiques d’Espagne.
J’ai entendu le vieux ;
le soir à l’étape ; parler, parler à n’en plus finir. Je sais qu’il a été
heureux de partager avec de parfaits inconnus ces quelques moments qui n’appartiennent
qu’à ceux qui sont loin de chez eux.
Je ne sais pas si ces voyages
les ont changés, ils restent ma mère et mon père, tels que je les ai toujours
connus. Si tant est que je sache quelque chose, je sais juste qu’ils sont
heureux d’être allés au bout du Chemin.
Je ne sais plus trop où j’ai
péché ce truc : « je calque mon pas sur le pas de mon père », il
n’empêche que j’aimerai, un jour, poser mes godillots sur ces sentiers qu’ils
ont parcourus. Juste pour voir si je suis capable de trouver celui que je suis
censé être.
Chez les « taiseux »
comme moi, on exprime rarement ce que l’on ressent. Pour une fois je dérogerai
à ma règle.
Je suis fier de mes vieux.
mercredi 25 avril 2012
lundi 23 avril 2012
dimanche 22 avril 2012
samedi 21 avril 2012
vendredi 20 avril 2012
jeudi 19 avril 2012
mercredi 18 avril 2012
samedi 14 avril 2012
vendredi 13 avril 2012
De l'amertume du café. Racisme ordinaire.
« Demain, dès l’aube, ... »
Ne vous méprenez pas, il ne
sera pas ici question de poésie.
Je souhaite seulement faire
état d’une inquiétude qui me taraude depuis que la campagne présidentielle est
lancée. Cette inquiétude a connu son apogée il y a maintenant quelques semaines,
plus précisément au lendemain de la mort de Mohamed Merah. Je ne reviendrai pas
sur cet événement ; la presse, la télévision, les réseaux sociaux, nos
politiques en campagne s’en sont suffisamment gargarisés pour que je n’ajoute
pas ma voix à tout ce qui a déjà pu être écrit ou dit.
Les assassinats commis par cet
homme (assassinats que je condamne évidemment), sa traque et finalement sa mort
survenue lors de l’interpellation ont été l’occasion pour qu’une certaine
frange des sympathisants du FN, jusque là muette, sorte de l’ombre, pour que ces
électeurs historiques ne se cachent plus dans le secret de l’isoloir. Je ne
pensai pas que des personnes que je côtoie presque chaque jour puissent être si
endoctrinées qu’elles en perdent le sens commun, relayant haut et fort
certaines idées nauséabondes de cette droite extrême. J’ai entendu ce jour là
des appels à rallier les rangs du parti frontiste, des appels à « voter
utile »... Bien sûr nous vivons
dans un pays dans lequel la parole et les idées peuvent être librement exprimées
mais de là à ce que des mots tels que « ratonades », « chasse
aux arabes » soient encore employés...
Alors oui je suis inquiet,
inquiet que ceux qui osent aujourd’hui déclarer vouloir « nettoyer la
France des étrangers » puissent propulser demain au plus haut sommet de
l’état celle qui veut donner de son parti une autre image (Nous ne sommes pas
dupes n’est-ce pas ? Rien n’a changé, la fille remplace seulement le
père). Inquiet parce que la haine semble être la seule solution pour certains
de sortir de l’état de misère dans lequel ils se trouvent et cela le FN l’a
bien compris envoyant les militants à sa solde là où le chômage, l’échec
scolaire et l’insécurité (un thème cher à un autre candidat) sont les plus
criants. Derrière des discours plus policés, le fond de commerce est resté
finalement identique.
Même s’il est peu probable
qu’elle accède au poste qu’elle brigue, s’il advenait néanmoins que cette
catastrophe soit annoncée au soir du six mai, alors
« ... Je partirai. »
jeudi 12 avril 2012
mercredi 11 avril 2012
Un arbre au fil des saisons [4]
arbres
chevaux sauvages et sages
à la crinière verte
au grand galop discret
dans le vent vous piaffez
debout dans le soleil vous dormez
et rêvez
Arbres, Jacques Prévert
mardi 10 avril 2012
De la difficulté d'aborder une oeuvre majeure.
"Longtemps, je me suis
couché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte,..." Combien de
fois ai-je lu ces mots ?
Combien de fois ai-je eu en
mains ce monument de la littérature française et un je ne sais quoi, peut être
la conscience de ne pas avoir l’esprit assez délié ?, m’a fait refermer le
livre à peine ouvert.
Le temps est venu d’aller au
bout de La recherche, de partager avec des milliers d’autres lecteurs les
bonheurs simples de la découverte de ces lieux que j’ai souvent entendu évoquer,
de voir écrites par une autre main ces sensations que l’on éprouve mais que
l’on ne sait pas soi-même décrire.
Au delà du marathon que
représente la lecture d’une telle œuvre, il m’en restera sans doute quelque
chose. Quoi ? Je ne sais pas encore. Parce qu’enfin, que nous reste t-il
des textes que nous lisons ?
Des fragments ?
Parfois la troublante
impression d’avoir déjà vécu les situations que vivent les héros ?
Ou plus simplement, une bulle
de sérénité, un instant en dehors du présent ?
Non, je ne vous livrerai pas une énième
variation sur la madeleine, ce sujet a déjà été maintes fois rebattu par les
exégètes dont je ne suis pas. Je ne suis qu'un pauvre lecteur, les mots ne sont
pour moi que les clefs qui ouvrent d'autres voies, ils ne sont qu'un moyen
d’entrapercevoir ce que d'autres voient en pleine lumière.
La lumière,
justement :
" Que je l’aimais, que
je la revois bien, notre Église! ... Ses vitraux ne chatoyaient jamais tant que
les jours où le soleil se montrait peu, de sorte que fît-il gris dehors, on
était sûr qu’il ferait beau dans l’église...
Il y en avait un qui était un haut compartiment divisé en une centaine
de petits vitraux rectangulaires où dominait le bleu, comme un grand jeu de
cartes pareil à ceux qui devaient distraire le roi Charles VI; mais soit qu’un
rayon eût brillé, soit que mon regard en bougeant eût promené à travers la
verrière tour à tour éteinte et rallumée, un mouvant et précieux incendie,
l’instant d’après elle avait pris l’éclat changeant d’une traîne de paon, puis
elle tremblait et ondulait en une pluie flamboyante et fantastique qui
dégouttait du haut de la voûte sombre et rocheuse, le long des parois humides,
comme si c’était dans la nef de quelque grotte irisée de sinueux stalactites
que je suivais mes parents, qui portaient leur paroissien; un instant après les
petits vitraux en losange avaient pris la transparence profonde, l’infrangible
dureté de saphirs qui eussent été juxtaposés sur quelque immense pectoral, mais
derrière lesquels on sentait, plus aimé que toutes ces richesses, un sourire
momentané de soleil; il était aussi reconnaissable dans le flot bleu et doux
dont il baignait les pierreries que sur le pavé de la place ou la paille du
marché; et, même à nos premiers dimanches quand nous étions arrivés avant
Pâques, il me consolait que la terre fût encore nue et noire, en faisant
épanouir, comme en un printemps historique et qui datait des successeurs de
saint Louis, ce tapis éblouissant et doré de myosotis en verre."