Photo : AFP / Thierry Zoccolan |
J’avais oublié.
C’était l’autre matin, un de
ces matins ordinaires de semaine. Près du bistrot qui m’accueille chaque jour,
je laisse traverser un gamin, treize ou quatorze ans, pas plus. Ce satané
mioche, tout en traversant la rue du plus lentement qu’il pouvait m’a adressé
une quenelle bien appuyée. Genre « tu vois vieux con je t’ai obligé à
stopper pour me laisser passer ».
J’ai bien failli descendre de
la bagnole. J’ai hésité un court instant entre l’envie de lui balancer une
paire de tartes et celle de le tancer. J’ai finalement laissé tomber. A quoi
bon.
J’aurais du cependant
descendre de voiture, pas pour lui mettre la baffe qu’il méritait mais pour
essayer de comprendre ce qui avait motivé son geste, essayer de tirer au clair
ce qu’il avait voulu me signifier.
Je reste persuadé que cet ado
n’a agit que par mimétisme, que dans cette gestuelle qu’il a reproduite il n’y
avait pas cette autre symbolique.
Phénomène inquiétant tout de
même.
J’avais oublié cette anecdote jusqu'à
ce que Juan relaie une information du Parisien. Des ânes ont pris la
pose, bras tendu vers le bas, une main à hauteur d’épaule dans les ruines de l’église
d’Oradour-sur-Glane.
Sans doute vaudrait-il mieux
passer sous silence cet acte odieux, sans doute vaudrait-il mieux ne pas donner
à ces décérébrés le plaisir de la publicité.
Sans doute.
On est loin de ce gamin croisé
dans la rue. Ces deux jeunes hommes savaient ce qu’ils étaient en train de faire,
ces deux jeunes hommes connaissaient la valeur symbolique des lieux qu’ils
étaient en train de souiller.
François Hollande, Joachim Gauck
et Robert Hébras ; un des derniers survivants du massacre ; étaient
en septembre dernier à Oradour-sur-Glane sur les lieux mêmes qui ont servi de
cadre à la mise en scène de nos deux lascars. On peut s’interroger sur une
autre portée de ce geste, auraient-ils eut l’esprit suffisamment torturé pour s’adresser
au Président par delà l’histoire ?
Quoiqu’il en soit, une enquête
est ouverte. Des sanctions tomberont peut-être.
Il nous faut être vigilants
chaque jour. Il nous faudra peut-être parfois descendre de voiture.
tout à fait Thierry
RépondreSupprimerTu as un potentiel comique énorme toi !
SupprimerIl est chouette ton billet.
RépondreSupprimerÇa fait longtemps, je trouve qu'ils sont devenus fous. Ce qui me rassurerait presque, c'est qu'aujourd'hui on commence peut être à prendre la mesure de la déliquescence des choses.
Bon billet...
Merci, j'écris les choses comme je les ressens.Sans talent, sans l'analyse que peuvent avoir nos collègues.
SupprimerLe simple regard de quelqu'un en colère.