Tiens, comme ça fait plusieurs
jours que je n’ai rien glandé dans ce blog, je m’en vais te raconter une petite
histoire toute droit sortie de la bouche d’un de mes collègues de comptoir.
L’autre matin je
traînais au bistrot.
En fait ça commence mal. Je la
refais.
L’autre matin, comme chaque
matin de la semaine d’ailleurs je traînais au bistrot. Un passage obligé depuis
des années. Jusque là, rien d’exceptionnel à ça. J’imagine qu’on doit bien être
quelques centaines de milliers de lascars à user nos coudes sur les zincs à la
même heure. D’ailleurs il faudrait qu’un de ces prochains matins j’essaie
d’aller directement au boulot, comme ça, juste pour voir la saveur qu’aurait la
journée sans cette pause quotidienne sur la route.
Une sorte de défi.
Oui, oh ça va hein ! On
a les défis qu’on peut !
Sans compter que cette
histoire me ferait gagner une demi-heure par jour. Au choix :
- Une demi-heure de sommeil en
plus.
- Une demi-heure de
glandouillage à la maison.
Tu me diras que je pourrais
aussi arriver une demi-heure plus tôt au boulot.
Oui certes....
Encore que je ne suis pas si
sûr que ce temps de bistrot soit forcément du temps perdu. Ben oui, parfois
j’apprends des trucs. Comme l’autre matin.
Ce sont souvent les mêmes gus
au comptoir, des gars que je croise depuis des années. A force de se coudoyer
comme ça chaque matin, des liens certes ténus mais des liens tout de même, se
créent. Des habitudes aussi.
Ainsi j’ai la manie de
demander à un de mes voisins où il va aller bosser ; le gars monte des cuisines
un peu partout dans le département, il a toujours tout un tas d’anecdotes à
nous raconter, des trucs parfois hallucinants. Des trucs parfois si improbables
que j’en suis souvent à me demander s’il n’en rajoute pas un tout petit peu.
Bon bref on s’en fout, ce n’est pas le sujet.
J’en reviens à mon histoire de
l’autre matin, je demande à Gérard (on va l’appeler Gérard) où il compte aller
exercer ses talents et lui sans presque lever le nez de son journal me
répond :
« Chez les soyeux d’bourrique »
Même si j’ai fait patois
première langue, là j’avoue que je suis resté un peu sec devant l’image.
Bon, je te traduis le
truc :
« Chez les scieurs
d’âne »
Tu n’es pas plus
éclairé ?
Ben sur le coup moi non plus.
Il a fallu que le gars Gérard m’explique l’histoire.
Dans le vieux temps, dans ce bled,
il y avait la mère, le père et les deux frères. Des petits fermiers d’après ce
que j’ai pu comprendre. Le père meurt, la mère aussi. Restent les deux frères.
Ces deux zouaves qui s’entendaient à peu près bien jusque là on commencé à se
prendre le chou pour des histoires d’héritage. Chacun d’eux voulait l’exacte
moitié du patrimoine. Ça allait comme ça tant bien que mal jusqu’à ce que se
pose le problème de l’âne....
Aussi têtus que peut parfois
l’être ce noble animal, chacun des deux frangins voulait récupérer l’âne,
impossible de trouver un accord sans mettre en péril l’équilibre qu’ils
s’acharnaient à construire depuis des semaines.
L’histoire n’a pas retenu lequel
des deux loustics a trouvé la solution pour que le partage des biens se fasse
pour exacte moitié, toujours est-il que ces cons ont coupé l’âne en deux !
Fin de l’histoire.
Enfin presque.
Bon, je ne suis pas tout à
fait dupe, même s’il y a un fond de vérité dans toute cette histoire, cela
m’étonnerait tout de même que les deux frères en soient arrivés à une telle extrémité
pour parvenir à une si parfaite égalité du partage.
Il n’empêche que depuis
l’autre matin je me demande dans quel sens ces zèbres ont bien pu couper l’âne.
Sinon, dans le même genre
de délire, je te laisse réfléchir sur « les croqueux d’oreilles ».
Edit du 25/09/2014
Mon camarade Gérard (on va
continuer de l’appeler Gérard pour plus de commodité), mon voisin de comptoir
donc, m’a ramené l’autre matin une affiche qui trônait somptueusement à la
vitrine de je ne sais plus trop quel commerce des environs.
Une affiche qui atteste de l’entière
véracité de l’histoire que j’avais essayé de vous conter il y a quelques mois.
Une seule déception en
regardant les détails : Ce satané bourricot est coupé par son milieu,
enlevant par là toute possibilité de rêverie à propos du comment s’est soldé ce
désaccord familial....