lundi 24 novembre 2014

Putain ! 30 ans !




Putain ! 30 ans !

J’étais au volant ce matin, confortablement assis, au chaud. En route vers ma pause café quotidienne au bistrot. Pareil, au chaud, tranquille à faire l’andouille avec mes voisins de comptoir. Un moment d’insouciance avant d’aller « affronter » une journée de boulot.

La route qui défile, la radio allumée, comme toujours. Les infos.

J’écoutais distraitement la déroute de nos tennismen, les témoignages à charge ou à décharge. Des explications plus ou moins alambiquées pour expliquer la défaite. La faute à l’un, ou peut-être la douleur au bras de je ne sais plus trop qui.... Je ne connais pas grand-chose en sport, par contre je sais une chose : quand on est battu c’est que l’adversaire était plus fort. Point barre. Le reste, c’est de la littérature !

Passons.

J’ai monté le son quand le journaliste a commencé à parler des restos.

Oui, je sais. A l’heure qu’il est, tu as sans doute déjà lu la presse, tu as sans doute aussi parcouru je ne sais combien de billets de blog évoquant le sujet.

Un billet de plus. Noyé dans la masse. Inutile.

Je me souviens comme si c’était ce matin de cet appel lancé par Coluche, un truc balancé à l’antenne comme ça, l’air de rien. Encore que je me demande si le bonhomme n’avait pas déjà en tête sa petite idée sur le sujet....

                                           

Je ne sais plus où j’étais ce jour là, ni pourquoi j’écoutais Europe1. Ça devait être cette grande époque de Coluche, sur Europe, sur Canal+. Je ne sais plus bien, je mélange peut-être un peu les époques, peu importe.

Ce qui est important c’est ce souvenir si net. J’écris plus haut « comme si c’était ce matin », ce n’est pas juste une image. Les mots sont là, imprimés dans ma mémoire. Aussi la gouaille du bonhomme, cette façon inimitable de s’exprimer. Chacun pense ce qu’il veut de Coluche, de ses excès, de ses outrances de langage, de sa quasi absence de limites quand il s’adressait directement ou par des voies détournées aux personnages politiques de l’époque. Je le considère comme un grand mec.

« Comme si c’était ce matin. »

Tu imagines ça, c’était il y a presque trente ans !

Mais on s’en fiche de ma mémoire, ce n’est pas ça l’important.

L’important c’est qu’aujourd’hui s’ouvre la trentième campagne des Restos du Cœur.

Trente ans que des familles, des femmes seules avec des gosses, des mecs qui bossent mais qui n’ont plus assez de fric à la fin du mois pour remplir le frigo ou encore des « petits retraités », trente ans que ces gens se nourrissent un peu mieux grâce à la générosité.

Je ne vais ni te redonner toute une litanie de chiffres ni te copier/coller une belle infographie. Tu as déjà vu tout ça.

Je n’ai pas envie non plus de te faire chialer, tu la connais cette misère, tu passes à côté tous les jours. Ou plutôt non, tu ne la connais pas. Parce que la plupart du temps, cette misère là elle se cache. Tu ne sais pas que ton voisin se serre la ceinture un jour sur deux, tu ne sais pas que ce jeune gars que tu croises chaque matin dans le couloir au boulot dort chaque soir dans sa bagnole pourrie garée sur un parking à la sortie de la ville. Tu ne sais pas non plus que cette jeune femme qui amène ; l’air de rien ; son petit à l’école, n’a rien mangé depuis deux jours.

Je crois que je me trompe quand je dis que la misère se cache, ça doit juste s’appeler la fierté. Cette fierté qu’il faut ravaler pour ne pas crever de faim. Cette fierté qu’il faut mettre au fond de sa poche avec son mouchoir bien tassé par dessus pour avoir le courage d’aller pousser la porte des Restos. Aller demander à manger.

Putain ! 30 ans !

Tu veux que je te dise, j’ai mal au cul !

J’ai mal au cul, parce que je ne peux rien faire, ou si peu. J’ai mal au cul parce pendant ce temps là tu as des mecs qui se gavent.

Oui, je sais c’est le jeu. Les règles sont écrites comme ça.

Il y a comme ça des jeux que je n’aime pas beaucoup, pourtant je suis aussi dans l’équipe. Je me bagarre chaque jour pour avoir plus. Je suis un putain de paradoxe.

Je t’ai lu Manuel Valls :

« Le gouvernement s'engage à promouvoir les dons »

« donc il faut à la fois trouver les bons dispositifs fiscaux, mais surtout les bons dispositifs techniques, administratifs, à travers le dialogue avec les filières afin que nous puissions avancer le plus vite possible. »

« un véritable sursaut pour la justice, contre les inégalités, pour une meilleure répartition des richesses, que nous devons les uns et les autres accomplir, et c'est l'engagement que je prends devant vous. »

Je t’ai lu Manuel, je t’ai lu et je n’oublierai pas.

dimanche 23 novembre 2014

Echo à l'arbre noir sur fond rouge de @dhasselmann

Je suis têtu.

Très.

Quand j’ai une idée en tête, il faut que j’aille au bout.

De quelques minutes à plusieurs années, quand je cherche un truc cela devient une obsession. J’en ai parfois le cerveau bouillant. Et comme je suis toujours en train d’essayer de me souvenir de tout un tas de machins cela peut rapidement devenir très fatiguant. Une simple recherche pourrait résoudre simplement la plupart de mes interrogations. Mais non. Ne pas céder à la tentation.

Trop facile.

Ainsi cet « arbre noir sur fond rouge » vu chez Dominique Hasselmann m’a occupé quelques heures. 

Photo : Dominique Hasselmann, Évry le 18 novembre 2014 

J’étais certain d’avoir vu une photo semblable il y a quelques années.

Mais quand ? Où ?

Il me faut détricoter les fils de ma mémoire un à un. Défaire les nœuds patiemment. Sentir parfois la solution toute proche, comme ce mot que l’on a sur le bout de la langue. Il est là, il hésite, se dérobe encore. Un jeu de cache-cache.

Au fil des années j’ai appris à revenir sur mes pas, à me soustraire du présent pour mieux plonger dans le passé. Un exercice fastidieux, les sentiers ne sont pas balisés, il m’arrive souvent de me perdre. D’oublier en chemin pourquoi je regarde par-dessus mon épaule.

Tel le mot qui hésite à franchir les lèvres, l’image est là toute proche. Encore quelques pas dans le long couloir du temps, ne surtout pas céder à la tentation d’ouvrir les portes vers d’autres souvenirs.

Décembre 2010.

Photo : Peter Janssen, 20 décembre 2010

Quatre ans se sont écoulés, presque rien à l’échelle d’une vie, presque une éternité comparée au flot d’images, de mots qui nous assaillent chaque jour.

Et pourtant l’image s’est bien imprimée dans les méandres de mon cerveau. Il suffisait de retrouver le bon chemin.

samedi 22 novembre 2014

Les magiciens du samedi



J’ai jailli de mon lit ce matin !

Et ce n’est pas qu’une image, tu vois le diable qui sort de sa boite ? Pareil !

Tu conviendras avec moi qu’il y a des façons plus douces de commencer un samedi matin. Maintenant que tu me connais un peu, tu sais que je suis un incorrigible flemmard, que d’ordinaire j’aime à rêvasser un peu dans la douce chaleur de la couette. Traîner, laisser la journée commencer sans moi.

Un coup d’œil au téléphone posé pas loin, regarder les dernières infos juste au cas où la terre se serait mise à tourner à l’envers pendant la nuit, encore que je me demande parfois si ce n’est pas déjà fait....mais ça c’est une autre histoire.

Une rapide revue de blogs, un peu comme on met le bout du nez dehors le matin pour prendre la température du jour.

Et là !!!
....

Hier soir je réfléchissais vaguement au titre que je pourrai bien proposer dans mes magiciens du samedi. Rien ne me venait. Pas d’histoire non plus.

Dans ces cas là je vais explorer la colonne de droite de You Tube, de clic en clic je réécoute des vieux standards, parfois je tombe sur des machins improbables. M’enfin, je ne vais pas te raconter tout le truc, tu sais ça aussi bien voire même mieux que moi.

Et puis la perle ! C’est bon j’ai LE morceau.

Restera à broder une historiette. Souvent des mots de rien. Des mots posés presque au hasard, trouvés dans mes vadrouilles entre la cafetière et la terrasse. Une manie du samedi matin.

Tiens, ça me rappelle mes années d’écolage, la dissertation à rendre pour l’heure suivante écrite à l’arrache au bistrot. Entre cafés-crèmes et cigarettes, l’urgence de la situation faisait que les mots et les idées jaillissaient presque facilement. Encore le temps d’un baby-foot, entendre la sonnerie du lycée au loin, empoigner la sangle du sac US et cavaler vent du cul dans la plaine pour ne pas rater le début du cours.

J’ai reproduit ; les parties de baby en moins ; le même schéma pendant mes années de fac, toujours flirter avec la dead line. Aujourd’hui encore je joue ce jeu dangereux, la présentation de quatorze heures pas encore ébauchée à onze heures, la trame est là quelque part dans ce qui me tient lieu de cervelle. Reste à cracher le truc. Je ne dis pas que ça marche à tous les coups, qu’il n’y a pas parfois quelques dommages, genre l’ordi qui plante sournoisement....satané machine....et que bien entendu je n’ai rien enregistré ! Treize heures quarante-cinq, tu la sens la pression monter ? Ça va aller, les gars de l’informatique me récupèrent le truc. Me disent pour la cinquantième fois que c’est la dernière fois qu’ils me sauvent la mise. Des gars sympas.

....

On en revient à ma revue de blogs de ce matin.

Premier billet, l’épicerie de Guy Birenbaum.

Nom d’un petit bonhomme !

J’ai été réveillé tout de suite !

Ne voilà-t-il pas que ce diable d’homme a choisi le morceau que je me proposai de vous faire écouter ce matin !

Que faire ? Le provoquer en duel ? L’épée ou le pistolet. Un peu radical tout de même. On ne parle que d’un billet de blog.

Une déculottée au tennis ?

Pas certain non plus que ce soit la bonne solution, surtout quand on sait que mon dernier contact avec le manche d’une raquette date d’il y a plus de vingt ans.

Que faire ?

Trois cafés et deux clopes plus tard me dire que nous sommes tous deux des hommes de goût. Et que tout ça n'a aucune espèce d'importance. 

Et me souvenir aussi que c'est Guy qui m'a fait découvrir Midge Ure un soir de septembre. 



Et comme je suis un bon zig, tu as droit à un cadeau bonus pour avoir eu la patience de lire jusqu'au bout mes sottises.

mercredi 19 novembre 2014

#MrBricolo suite et fin

Il ne faut jamais trop abuser d’un bon filon.

Ben oui, je te rappelle que je suis le roi de la flemme et que je suis capable ; certes avec moins de talent que mes confrères ; de te faire dix pages à propos de rien en moins de temps qu’il ne faut pour le dire (enfin presque), il n’empêche, je vais tout de même essayer de terminer cette série de billets sur les aventures de #MrBricolo.

Le précédent billet ayant atteint des sommets de fréquentation, restons modeste tout de même, le truc n’a fait qu’un peu plus de cent cinquante vues.... je devrai normalement exécuter devant tes yeux z’ébahis une danse de la pluie tout nu dans la rue !

Pas de bol, il ne pleut pas.

Cache ta déception, tu auras peut-être d’autres occasions de voir mon élégant fessier onduler en rythme sous l’ondée.

Si tu veux bien, au lieu de rêvasser au spectacle manqué, on va en revenir à la suite de mon dur labeur.

Le truc c’est qu’au bout d’un moment tu commences à en avoir un peu assez de lessiver, poncer, décaper, peindre. Tu cherches n’importe quel prétexte pour faire une petite pause. Et tu peux me croire sur parole, je suis expert en pauses.

Une fois j’ai soif, une fois j’ai faim, une autre fois je n’ai ni soif ni faim mais j’ai envie d’un café/clope....Levé à huit heures pour démarrer le boulot au plus tôt, je ne me mets jamais en route avant dix heures et demie voire même onze heures. Tu conviendras que c’est un moyen très efficace pour réduire considérablement la journée de travail !

A un moment tout de même il faut s’y mettre, surtout que l’heure du déjeuner approche....

Alors je feins un enthousiasme débordant. Si, si je sais faire.


Surtout que ma fée du haut de son échelle m’a à l’œil.

La reine du marouflage ma fée ! Tu n’as jamais vu de la tapisserie voler à travers une pièce et aller s’appliquer presque toute seule sur un mur ? Non ? Ben t’as manqué un truc ! J’en suis resté scotché à mon pinceau.

Mais évidemment quand tu changes d’avis sur l’endroit où tu veux poser les différentes teintes de tapisserie, magie ou pas magie, ça crée quelques problèmes. Regarde ces satanés tuyaux !

Je me suis escrimé à les peindre SOIGNEUSEMENT en blanc. Tout nickel ! En théorie ils devaient se fondre dans le gris clair du mur, sauf qu’au final ben non.

Un problème ? Pas de problème ! Mon camarade @croisepattes a la solution pour repeindre sans effort tout et n’importe quoi !

Radical !

En principe....

Finalement je vais attendre un peu. Je ne me sens pas le courage de papilloter tous ces machins, tout au moins pas cette fois-ci.

Et puis zut !  Tant pis pour les tuyaux. Je me décerne d’autorité une étoile sur le Walk of Fame des bricoleurs !

dimanche 16 novembre 2014

J'ai fait un rêve ce matin

J’ai fait un rêve ce matin.

Je ne sais pas quelle heure il pouvait bien être quand j’ai entendu du bruit dans la rue ou alors était-ce seulement ma fée qui quittait la chambre. Par habitude j’ai donné un œil au téléphone posé sur la table de chevet, parcouru vaguement quelques billets de blog.

Je me suis arrêté longuement chez Dominique. J’ai du m’assoupir un moment, le téléphone en me tombant des mains m’a fait sursauter.

Un peu empêtré dans le câble du chargeur, j’ai du grogner, me retourner. Une image revenait sans cesse.

Une image que je n’arrivai pas à comprendre.

Dans la pénombre, les chiffres du réveil rougeoyaient, inintelligibles pour mon regard de myope. J’aurai pu plisser un peu les yeux, forcer l’œil à accommoder, à quoi bon ? Juste savourer la douce chaleur, me blottir dans la torpeur des matins de paresse. Entendre vaguement le village s’éveiller, des bruits connus, rassurants.

Et toujours cette image.

Entre sommeil et éveil, j’ai rêvé que les voitures volaient.

Photo : Dominique Hasselmann
15 novembre, canal Saint-Martin, Paris.

samedi 15 novembre 2014

Les magiciens du samedi




Il y a quelques jours (quelques semaines ?) Tomate Joyeuse m’a gentiment invité à participer à un projet qui consiste à lister ses quinze albums préférés. Il ne m’en manque plus qu’un pour compléter mes choix.

Pas facile de choisir, je fouille, farfouille, trifouille dans tout ce que j’ai pu accumuler depuis des années. Je suis même allé jusqu’à écouter de vieilles cassettes. J’ai des tiroirs remplis de ces vieilles reliques, je ne jette rien !  Le gars des cuisines Cagivo c’est moi. Bon d’accord en un peu plus âgé.



A force de fouiner ici et là je me suis rendu compte d’un truc, au final je reviens toujours aux mêmes vieux albums. Il m’arrive encore de temps en temps de m’emballer, d’avoir un coup de cœur pour un morceau « plus actuel », et puis je fais demi-tour.

J’oublie.

Enfin il me semble que j’oublie.

Je retourne à mes vieux machins.

Peut-être parce que pour presque chaque titre, pour chaque album il y a une histoire qui s’y rattache. Parfois des trucs idiots, des anecdotes qui n’ont aucun intérêt, sauf pour moi.

Il y a peut-être autre chose. L’accélération du temps. Sauf si on ne m’a rien dit pendant ma longue absence, il ne me semble pas que la durée d’une seconde, d’une minute ou d’une heure ait changé. C’est, je pense, l’usage du temps qui a changé. Nous faisons trop de choses en même temps, tout est disponible à n’importe quelle heure, n’importe où. Tous ces outils à notre disposition font que nous «scannons » en permanence tout un tas d’infos, d’images, de sons. Quitte à y revenir plus tard pour approfondir.

Peut-être.

Ce n’est pas tant que je sois passéiste que je regrette un peu le temps ou il m’était encore possible de passer une heure à écouter un album sans rien faire d’autre. C’est peut-être pour ça que j’aime tant le livre papier, j’entretien avec cet objet ; si tant est que l’on puisse qualifier le livre d’objet ; une relation étrange. Le temps de la lecture est un temps dans le temps. Du temps entre soi et l’histoire.

Il faudrait peut-être que j’essaie de développer cette idée.

Mais d’une part on s’éloigne du sujet de ces magiciens du samedi et d’autre part je n’ai pas l’esprit suffisamment délié pour parvenir à aller beaucoup plus loin dans cette réflexion.

Passons.

Nous en étions donc à « je fouille, farfouille, trifouille »

Ça te dit un bond dans le passé ?

30 mai 1990

New-York, 6ème avenue, face au siège de la société Exxon.

Midnight Oil en concert.

Un grand moment. Un symbole.

vendredi 14 novembre 2014

#MrBricolo Jour 2 et suivants....


Tu te souviens ? Il y a quelques jours je te racontai comment je m’étais découvert une nouvelle passion pour le bricolage.

À la demande de centaines de lecteurs, que dis-je des centaines ? À la demande de milliers de lecteurs impatients voici la suite des aventures de #MrBricolo

Bon, j’exagère un tout petit peu avec mes milliers de lecteurs. Si jamais ce billet atteint cinquante vues, j’entame une danse de la pluie tout nu dans la rue ! Photo à l’appui !

Oui, oh ça va hein ! Je sais bien que j’ai déjà fait coup de la danse de la pluie, ben c’est de votre faute si vous n’avez pas vu mon élégant fessier onduler sous des trombes d’eau, z’avez qu’à relayer mes conneries ! Voilà !

Revenons-en à mes journées de bricolage.

Une semaine de vacances.

Comment ça encore !

Si tu appelles ça des vacances que de trimer comme un bagnard, de suer sang et eau à décaper, poncer, peindre du matin au soir, je te les offre volontiers mes vacances et en prime je te file même le dernier plafond à peindre. Oui, malgré tous mes efforts, il reste un plafond à peindre....

Si jamais demain tu n’as rien à faire, tu peux venir me filer un coup de main. On embauche vers neuf heures et j’offre le café, un café d’enfer.

Ça va neuf heures, ce n’est pas trop tôt ? Sinon dix heures ça me va aussi, ça me laisse le temps de glander un peu le temps que tu t’amènes.

Bon je te vois frétiller d’impatience sur ta chaise. 

C'est parti pour le résumé de la semaine de #MrBricolo 





























 On termine par un clin d'œil à ma fée et à son infinie patience face à mes nombreuses (nombreuses mais nécessaires) pauses.

samedi 8 novembre 2014

Les magiciens du samedi




Ce matin j’avais besoin de sortir tôt et comme d’habitude j’étais plutôt à la bourre, j’ai donc pris la première bagnole dans le garage. Il s’est trouvé que c’était la « petite voiture », cela faisait des semaines que je ne l’avais pas conduite, j’ai eu plaisir à la retrouver. Vive, nerveuse, habituée depuis son enfance à être un peu malmenée (si, si je t’assure on peut très bien parler d’enfance s’agissant d’un véhicule).

Bon, arrivé là il faut que je te raconte comment je me suis fait arnaquer par ma fée il y a quelque temps.

Nous avions besoin de changer le véhicule de ma douce. Avec l’âge (pas l’âge de ma douce, andouille !) il y avait quelques frais à prévoir, peut-être quelques emmerdes à venir, bref il était temps.

Un samedi que nous n’avions pas grand-chose d’autre à fiche, nous nous sommes décidés à aller faire la tournée des concessionnaires du coin. Budget bien en tête nous passons la porte du premier sur notre route, un peu comme ça, presque au hasard.

Un tour du hall d’expo, après un regard rapide sur les entrées de gamme, nos pas nous amènent tout naturellement vers des modèles plus « étoffés ». Et puis tu sais comment ça se passe dans ces cas là, au bout de cinq minutes tu as le vendeur avec son sourire Ultra Brite qui s’amène. Je n’aime pas trop ça quand on m’accoste trop vite, je me sens comme agressé, il m’est arrivé très souvent de faire demi tour illico prestissimo quand à peine passée la porte une ou un vendeur me tombe tout de suite sur le paletot. Je sais bien que c’est le job, qu’il faut bien pousser un peu le chaland, il n’empêche c’est plus fort que moi, je tourne les talons.

Revenons-en à mon vendeur Ultra Brite. Il m’a été tout de suite sympathique, la petite cinquantaine décontractée, on palabre un peu, budget, modèle....enfin tu vois le truc. Classique. Le mec, très pro, nous dirige bien sur vers tout autre chose, une machine sur laquelle nous n’avions même pas posé les yeux. Tu sais comment ça se passe dans ces cas là, tu te dis que non ce n’est pas raisonnable, que ça sort trop du cadre de ce qui était prévu. La tête dit non encore, mais moins fort déjà. Et puis tu craques. C’est vrai qu’elle est pas mal cette caisse, il doit y avoir là-dedans presque tout ce qu’il est possible d’imaginer en matière d’options, un moteur qui te demande d’appuyer encore un peu plus sur la pédale de droite, un petit plaisir pour ma fée.

Sauf que. Et bien sauf que le jour de la livraison, arguant de je ne sais plus trop quel prétexte, une course ou de je ne sais plus trop quelle autre connerie, ma fée m’a demandé de prendre le volant de la nouvelle et de la ramener à la maison. Lendemain, rebelote nouveau prétexte, trop tôt, pas eu le temps de regarder le fonctionnement de la bête. Pas le temps de discuter, me revoilà délaissant ma petite bestiole habituelle et de reprendre la route avec la jouvencelle.

Et ainsi de suite....

C’est un moment après que j’ai compris, ma fée voulait me faire plaisir et « m’offrir » un nouveau jouet.

Tu te demandes sans doute ; si tu es arrivé jusqu’ici c’est que tu es un tout petit peu curieux ; où je veux en venir avec mon histoire de bagnoles alors que normalement ici le samedi c’est musique.

Attends deux secondes, je t’essplique.

J’ai beaucoup écouté la radio quand j’étais plus jeune, presque à longueur de journée à une époque. Si tu as le même âge ou à peu près que moi, tu te souviens certainement de l’explosion de ce qu’il était convenu d’appeler les « radios libres », nous passions notre temps à naviguer sur la bande FM, c’était toute une aventure, les émetteurs lâchaient sans arrêt, il y avait les « brouillages », et puis avec la libéralisation, les radios commerciales sont arrivées avec la soupe servie à heure régulière. Je me suis vite lassé.

En voiture aussi je suis passé à autre chose, j’avais toujours une provision de CD, pas un kilomètre sans musique. Des albums de toujours, écoutés en boucle. Et puis là encore je suis passé à autre chose, une boulimie d’infos, branché sur les radios plus « sérieuses ». L’âge peut-être aussi.

Sauf que ce matin, quand j’ai pris « la petite » celle que ma fée conduit désormais chaque jour, il y avait un CD dans le lecteur, c’était bien la première fois que j’en voyais un dans cette bagnole.

J’ai bien vite rebasculé vers Europe1, ce n’est pas que je sois maso, mais, même si les nouvelles ne sont pas toujours très bonnes, il me faut ma dose d’infos.

Et tout en roulant, j’ai repensé à cette nouvelle entendue l’autre après-midi, celle de la disparition de Manitas de Plata. Ça m’a fait un drôle d’effet d’apprendre sa mort. Depuis que je suis tout petit j’en entends parler comme d’un être légendaire. Je ne vais pas te mentir et te dire que je n’écoute que ça, que je connais son répertoire par cœur. Non, rien de tout cela. S’il m’arrive de l’écouter, c’est par hasard au détour d’une autre recherche. La plupart des fois ce ne sont pas tant les notes que j’écoute que ses mains que je regarde. J’ai cette fascination pour les mains des guitaristes, pour les doigts agiles qui glissent sur les cordes. Une fascination quasi hypnotique. Je me repasse parfois presque à l’infini quelques secondes d’un morceau juste parce que la main a eut un mouvement gracieux, parce que des doigts qui semblent caresser les cordes jaillissent des notes puissantes, vibrantes, de ces notes qui te glacent soudain le dos, des notes qui te procurent presque une douleur délicieuse. Manitas de Plata était de ces musiciens que j’ai aimé regarder.

J’aurais pu, au lieu de toutes ces divagations, essayer d’écrire un hommage à ce magicien, à cet homme aux mains d’argent. Mais rien de ce que j’aurai pu écrire n’aurait égalé le texte de Martine Dardenne que je t'invite à lire ici.