Aujourd’hui, j’ai l’immense
plaisir d’accueillir François Bonneau pour ces Vases Communicants de novembre.
La liste des autres vases communicants désormais orchestrée par Marie-Noëlle Bertrand est à cette adresse : Le rendez-vous des Vases Communicants
Il n’est resté que le jasmin
Il n’est resté que le jasmin dans
son sillage qu’était joli, et j’en ai repris une bouffée.
C’était avant que je comprenne,
mais on ne comprend pas grand’ chose, aux tables en marbre du troquet bleu.
Alors j’explique ; pardon j’hoquète.
Il n’est resté que le jasmin, et
malgré deux-trois beaujolpifs, je m’en mettais plein les narines, de ce sillage
doux de donzelle qui a couru dehors, très vite.
Pardon ! Ah, non, j’y suis
pour rien, les gars, promis, pas parlé, pas touché non plus, c’est pas mon
genre, je peux cracher.
Elle est partie j’y suis pour
rien, elle, et le jasmin tout derrière, et puis son téléphone criant qui lui
beuglait dedans l’oreille, ça avait l’air plutôt sévère pour qu’elle se lève,
comme ça, d’un bond. Et qu’elle en oublie son bureau. Parce que l’ordinateur
qui reste, sur la table en faux marbre, ici, ça m’avait l’air d’être un
burlingue qu’elle trimbalait un peu partout. Enfin, beaucoup moins
maintenant : je l’ai ici entre les mains. Promis les gars, j’ai rien sali.
J’ai commandé une tournée, et
puis appuyé sur entrée, et attendu qu’elle se repointe, mais là, le bistrot va
fermer, j’ai pas voulu me faire intrus mais je voulais savoir à qui on doit le
jasmin qu’est parti, peut-être qu’elle devait opérer, chercher un môme chez la
nounou, ou menotter du délinquant, exécuter une sonate, un ordre ou peut-être
un amant. C’est le Patron, tant pis, qui garde et son ardoise pour le café et
l’ordinateur oublié.
J’avais besoin de me confier, les
gars, j’ai été moins que rien : au démineur, au solitaire, j’ai effacé
tous ses records en y apposant …oui, les miens. Et je m’en veux, j’ai bien trop
honte, offrez-moi la miséricorde.
Et une tournée d’absolution.
François Bonneau, novembre 2015
Belle idée que de retrouver à nouveau le même troquet avec la même femme, le jasmin en plus.
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