J’avais prévu de lessiver les
plafonds, de poncer et de repeindre les boiseries ; de redonner un coup de
neuf, parce qu’enfin ça commence un peu à dater la déco ; de ranger un peu
aussi les étagères. Et puis…
Et puis, tu sais bien ce que
c’est n’est-ce pas, une chose en entraîne une autre, un jour par-dessus l’autre
et un « soupçon » de ma flemme légendaire et la maison n’est pas
prête pour la saison.
Alors tu vois, ce matin, aux
petites heures, je suis sorti flairer l’humeur du temps. Il y avait un petit
vent frais. Venu de je ne sais où, il s’est enroulé autour de mes épaules, m’a
chatouillé un peu la nuque et s’en est allé agiter les cheveux d’ange là au
bout du jardin. Il y avait comme une promesse dans l’air.
La promesse qu’aujourd’hui serait une journée à vivre.
La promesse qu’aujourd’hui serait une journée à vivre.
Parce que tu sais, ce n’est pas
toujours simple ces autres jours, les ombres sont toujours là qui viennent
obscurcir les à venir. Ces heures passées à épuiser la peur, à attendre la nuit
où se réfugier et recommencer…
« Vous m’avez manqué »
les amis.
Un café plus tard j’ai décroché
les clefs du tableau et je suis parti vers la maison. Ça n’a pas été simple de
me frayer un passage jusqu’à la porte d’entrée mais ce sera bien pour un autre
jour le grand clair dans le jardin, et puis ça ne me gêne pas tant que ça le
fou des herbes et les arbustes laissés à la diable.
La vieille serrure a fait
quelques caprices, il y a si long depuis ma dernière visite… Il lui faudrait
bien quelques gouttes d’huile. On verra…plus tard aussi. Peut-être.
Entrer lentement dans l’épais du
silence et contempler la poussière danser dans les quelques rais de soleil qui
sourdent à travers les vantaux un peu disjoints. La maison a continué de vivre.
Sans moi.
D’abord ouvrir en grand tous les
volets et les fenêtres, laisser l’air et la lumière entrer à flots. Ne laisser que
le léger bruissement des voilages habiter l’espace et mes pas qui font craquer
les lames d’or du vieux parquet ponctuent le silence.
Là, je vais aller me poser dans
mon vieux fauteuil effondré à force d’accueillir d’interminables rêveries,
compagnon des heures passées à lire. Des heures d’abandon aussi. A portée de
main ; au milieu des livres, des notes, de tout un fatras de papiers ;
la radio.
Depuis le temps, les piles
doivent être déchargées, tourner tout de même le bouton, ça crachouille, ça
chevrote un peu, la réception n’a jamais été fameuse dans le coin.
Et puis soudain la magie.