samedi 29 mars 2014

Les magiciens du samedi.




J’ai la trouille. Une trouille immense.

Ça faisait un moment que je n’y avais pas pensé. Tout ça c’est la faute de Nicolas. Enfin quand je dis de sa faute, pas tout à fait tout de même.

Une phrase qui commence par « Tu as connu .... ? » ou « Tu te souviens de .... ? ».

Lundi encore cette phrase m’a assommé. Comme ça, d’un coup. Tu traines là dehors, le soleil timide de mars réchauffe un peu, t’es un peu tranquille.

Et la phrase, trop connue.

Je sais, je sais qu’à chaque fois

Qu’à chaque fois ça va être la même chose. Plus que des traces, des moments de vie qui resurgissent, des paroles, des visages, des échos qui s’éteignent.

Et la peur qui s’installe. Tenace.

Peut-être pas tant la peur de ne plus être que celle de n’avoir encore rien fait qui vaille.

....


samedi 22 mars 2014

Les magiciens du samedi.



Hier soir j'étais fort occupé à perdre mon temps.

19h47
           
Le quai toujours vide.

Attendre dans ce quartier de la gare de L, laisser le regard errer au hasard.

Accrocher du coin de l’œil l’antique façade de l’Européen.

La porte à tambour ne bat plus. Des années se sont écoulées depuis que, alerté par le frôlement des pas sur le carmin de la laine des tapis, le dernier homme aux clefs d’or ne délaisse un moment ses registres et ne lève les yeux par-dessus ses verres pour accueillir le voyageur.

J’ai frissonné un peu, remonté d’un cran le chauffage de la voiture, allumé aussi une autre cigarette.

Un peu plus loin une ombre s’encadre dans la lumière un peu pâle, pousse la porte du café de la gare. Je l’imagine, l’homme, déjà loin dans la solitude de la salle, le bras fatigué abandonné sur le comptoir, le regard perdu dans l’ambre du verre posé devant lui. Peut-être qu’il va se quitter peu à peu, entrer dans une autre solitude.

Occupé à perdre mon temps.

J’ai pris conscience du bavardage de la radio, j’ai tourné la molette au hasard.

Une voix sortie du passé.

Je me suis souvenu de cet après-midi de fin d’été, nous avions recherché l’ombre. J’ai aperçu les visages oubliés, perdus.

Plus de trente ans se sont écoulés, la ville d’A s’est endormie aussi, sans doute que la haie qui avait abrité un moment nos bavardages de la morsure du soleil n’existe plus.

Un souffle froid m’a surpris. L’attendu, en ouvrant la portière, venait de me ramener dans le présent.

Reste la magie.

Un ciel par jour (ou presque) : 22 mars 2014



samedi 22 mars 2014 15h39

samedi 15 mars 2014

Les magiciens du samedi.




Zou, on change d’ambiance dans les magiciens du samedi.

« ...on se risque sur le bizarre », sur un truc qui « Sans être franchement malhonnête, au premier abord, comme ça...a l'air assez curieux. »

Je n’irai pas jusqu’à dire que j’ai connu une polonaise qui écoutait ça au petit déjeuner, par contre je connais un petit bonhomme qui s’est réveillé avec ça pendant un moment.

Un truc que t’es obligé de gicler de ton lit, surtout quand tu as bien pris soin le soir d’éloigner la source sonore de ton pucier.

A 03h00 du matin, double effet Kisscool garanti ! Même qu’après, ta douche un peu fraîche te semble un doux cocon en comparaison de ce que tes oreilles viennent de subir....

« Faut r'connaître... c'est du brutal ! »

De la pure énergie !

Pas un truc tout en finesse, non, non, juste un assemblage bizarroïde de gros sons, de batterie bien sauvage et de gus un peu barjots. Des mecs un peu couillus qui mélangent des univers totalement différents.

T’es prévenu.

Et ne viens pas me dire après que tu trouves un goût de pomme à ce truc, je ne te croirai pas.

mardi 11 mars 2014

Nicolas S. spécialiste en casseroles.



Capture d'écran sur le Lab politique

(Merci à Melclalex pour l'idée de départ.)

Flemme : #S04E28

En vadrouillant de blog en blog ce matin je me suis arrêté un moment chez Philippe Castelneau. Dans son billet du jour il nous propose un nuage de mots, « comme un instantané de mes obsessions du moment ! » écrit-il.

J’ai eu envie d’aller voir ce que ce machin pouvait bien mouliner avec les mots du petit bonhomme.

Pas de surprise, en plein milieu de la page : FLEMME



Voilà....

Ce machin à bidouiller les mots n’est pas tout nouveau mais tu peux quand même aller t’y amuser.  C’est là : Wordle

samedi 8 mars 2014

Les magiciens du samedi.

Je sens que ce billet va encore être de haute tenue....

Faudrait pas se lever à 11h30 le samedi. Je tiens une flemme ! Genre le truc que s’il existait une compétition de flemme, je serai champion du monde. Champion du monde de flemme, ça peut se mettre sur une carte de visite ? Sur un cv ?

J’en suis à osciller entre l’envie de retourner caresser mon oreiller et celle de me refaire un café/clope sous le soleil de ce presque printemps. Une petite dose de caféine devrait pouvoir me permettre d’aligner encore quelques signes.

En parlant de flemme, je suis presque certain que quelques esprits un peu tordus m’opposeront le fait que pour un homme c’est tous les jours la flemme....

Oh, ça va hein !

Je revendique mon droit à la paresse et j’assume totalement le fait de ne rien fiche tout au long d’une journée.

Vas-y dis moi, oui toi ! Pas la peine de te retourner, c’est bien à toi, oui à toi qui es en train de parcourir ce billet que je pose la question, oses me dire que tu n’as jamais passé une journée entière à glander ?

Ah ! Tu vois bien que toi aussi !

Bon, on ne va pas faire la journée là-dessus non plus. Après tout, les magiciens du samedi c’est surtout l’occasion de partager un petit coup de cœur musical et aussi de faire un clin d’œil amical aux copains blogueurs.

Solveig me faisait remarquer il y a quelques jours que souvent mes billets étaient teintés d’une sorte de nostalgie, elle n’a pas tout à fait tort, j’ai de plus en plus fréquemment tendance à me retourner sur mon passé, pas sur mes années d’homme, non. Juste sur les années d’enfance. Peut-être parce que je sais bien que ce temps enchanté ne reviendra plus.

Il n’empêche.

Tout en cherchant qui pourrait avoir les honneurs des pages du petit bonhomme, j’ai repensé à ce magnifique texte de l’ami Bembelly.

Ma mère aussi possédait un poste de radio. Ce vieux machin (pas ma mère andouille) avait une place de choix dans la cuisine de l’autre maison. Du matin au soir les notes peuplaient l’espace, et certaines mélodies se sont gravées dans ma mémoire aujourd’hui vacillante.

samedi 1 mars 2014

Les magiciens du samedi.





J’ai passé la semaine à jeter des coups d’œil par-dessus mon épaule.

Des allers-retours entre présent et passé. Au détour d’une image je me suis replongé dans les jeux de l’enfance garçonnière, retrouvé les odeurs oubliées des après-midi dans ce vieux garage caché au fond de cette impasse de la petite ville d’A ; mesuré aussi combien ce temps est éloigné désormais et aussi combien se rapproche l’inéluctable.

Confit l’autre soir dans la chaleur de la douleur, j’ai repris ce volume presque en lambeaux à force de lectures. Mort à crédit. Tourné les pages de ce vieux Céline sans vraiment les lire, les yeux qui glissent sur les mots, l’esprit ailleurs. M’arrêter là, sur ce passage. Juste avant le départ.

- J’ai eu, dis donc... dis moi, Clémence ?... bien mal à la tête... Cet après-midi... Et pourtant c’est drôle... il a pas fait chaud ?...

Me retourner une fois de plus vers ces autres années, celles que je nomme les années café-crème.

Les années café-crème.

Des années passées à la découverte de Rimbaud, Verlaine, Nerval aussi. Des années passées dans les salles des bistrots ou dans des chambres adolescentes emplies de la fumée de nos cigarettes ; je nous vois encore dans cette curieuse bâtisse tentaculaire, chez ce curieux docteur venu on ne sait pourquoi de Nice avec sa fille. La maison nous était ouverte à toute heure, la bibliothèque aussi.

Reste aussi le souvenir d’une maison habitée par les sons, d’abord ceux de nos voix se croisant au hasard des couloirs, par nos cris aussi dans le jardin abandonné. Le joyeux brouhaha dans la cuisine que nous ravagions de nos fringales.

Et la musique qui habitait l’espace, toujours.