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n feuilletant la presse locale
il y a quelques jours, j’ai eu la surprise de lire un article relatant les deux
périples que mes parents ont fait vers Saint Jacques de Compostelle. (Bon
d’accord, une demie-surprise puisque j’avais rencontré chez eux la journaliste
qui était là pour les interviewer). Si je n’avais jamais eu les yeux embrumés à
la lecture de cet hebdomadaire, c’est maintenant chose faite.
Je ne sais trop quel hasard a
fait que cette jeune journaliste a eu vent de ces voyages ; c’était il me
semble au cours d’un repas réunissant les anciens du village qu’elle couvrait ...peu
importe. Toujours est-il que l’article est là.
Dès la première fois que mes
parents ont évoqué la possibilité de faire ce voyage, j’ai su pourquoi ils
allaient tenter l’aventure, pourquoi ils avaient fait cette promesse. Ce n’est
que plus tard, bien plus tard qu’ils nous en ont parlé, qu’ils nous en ont
dévoilé les vraies motivations...
Si pour une raison ou une autre,
un événement venait à les empêcher d’aller au bout du Chemin, je m’étais
promis, sans en parler à qui que ce soit, que je le reprendrai là où ils
l’auraient laissé. Même si je ne crois pas en l’existence d’un Dieu qui guide
nos pas, même si je ne crois pas en l’existence d’un Dieu protecteur, j’aurais
repris le flambeau, juste pour eux, seulement pour que l’un de nous mène à son
terme ce projet. Je n’ai pas eu à le faire.
Ce n’est pas un, mais deux
voyages qu’ils ont accompli finalement, le premier, du Puy en Velay à Saint-Jacques et le second, de Lisbonne à Saint-Jacques.
Je les ai imaginés traversant
ces paysages magiques de l’Aubrac, je les ai vus courbés sous le poids des sacs
à dos, bravant les trombes d’eau qui se sont déversées un moment sur leurs
vieilles épaules. J’ai plus tard senti la morsure du soleil de midi quand ils
ont traversé les grandes plaines désertiques d’Espagne.
J’ai entendu le vieux ;
le soir à l’étape ; parler, parler à n’en plus finir. Je sais qu’il a été
heureux de partager avec de parfaits inconnus ces quelques moments qui n’appartiennent
qu’à ceux qui sont loin de chez eux.
Je ne sais pas si ces voyages
les ont changés, ils restent ma mère et mon père, tels que je les ai toujours
connus. Si tant est que je sache quelque chose, je sais juste qu’ils sont
heureux d’être allés au bout du Chemin.
Je ne sais plus trop où j’ai
péché ce truc : « je calque mon pas sur le pas de mon père », il
n’empêche que j’aimerai, un jour, poser mes godillots sur ces sentiers qu’ils
ont parcourus. Juste pour voir si je suis capable de trouver celui que je suis
censé être.
Chez les « taiseux »
comme moi, on exprime rarement ce que l’on ressent. Pour une fois je dérogerai
à ma règle.
Je suis fier de mes vieux.
Tu as bien raison.
RépondreSupprimerAmitiés
Merci.
SupprimerMerci pour mes gens.
Tu as bien fait de déroger à la règle. C'est vachement important ce que tu dis et je suis certaine que tes "vieux" doivent se sentir très fiers de toi. J'en suis toute émue, tiens ! :)
RépondreSupprimerOh, je n'ai fait qu'écrire ce petit texte, comme un hommage. Et les voilà repartis depuis ce matin pour une nouvelle "aventure", de Porto à Saint Jacques.
SupprimerJ'irai, c'est presque certain sur leurs traces.
Un jour, plus tard. Pour d'autres raisons certes, encore que....je ne sais plus vraiment.