jeudi 22 novembre 2012

Ce handicap invisible.



J’ai lu ce matin un billet de @lolobobo au sujet de l’illettrisme en France.

L’Agence Nationale de Lutte Contre l’Illettrisme annonce qu’aujourd’hui en France trois millions de personnes, bien que pour la plupart elles aient été scolarisées, éprouvent des difficultés avec l’écrit. Afin de mieux aider ces personnes à vaincre les difficultés du quotidien l’ANLCI souhaite que l’illettrisme soit déclaré grande cause nationale en 2013.

Il est assez rare que je parle de la société qui m’emploie (un petit indice, cette entreprise est leader mondial des arts de la table, un petit effort c’est facile !).

Exception à ma règle, j’évoquerai une initiative que je trouve formidable. Chaque année et ce depuis plusieurs années maintenant, des collaborateurs qui éprouvent des difficultés avec ce qu’il est convenu de nommer « les savoirs de base » peuvent une fois par semaine, et ce pendant toute la durée de l’année scolaire, bénéficier de cours adaptés au sein de notre centre de formation.

Au-delà de cette initiative que je salue, j’éprouve surtout un immense respect pour ceux (et j’en côtoie quelques-uns au quotidien) qui ont le courage ; pour certains passé la cinquantaine ; de reprendre le chemin des cours.

Je vous laisse juste imaginer, vous qui me lisez, combien il doit être difficile de dire que oui on a des difficultés à lire, à écrire.

Je vous laisse juste imaginer, dans le monde cruel qu’est celui de l’entreprise, quel peut être le regard des collègues qui apprennent tout à coup que ce qui pour la plupart d’entre nous est aussi simple que de respirer est pour eux insurmontable.

Je vous laisse enfin juste imaginer une seconde ce que pourrait être votre vie dans une société dans laquelle l’écrit a pris une place prépondérante si tout à coup vous perdiez l’usage de la lecture.


Alors, pour que 2013 soit l’année de la lutte contre l’illettrisme je vous invite à soutenir l’action de l’ANLCI ici.

4 commentaires:

  1. Inayat m'appelle : " Viens vite, viens vite, j'ai reçu une lettre de l'assurance !"
    Moi : " Bôh ! Comment tu sais que c'est l'assurance, tu sais pas lire !"
    Inayat : " Mais si, mais si ! Il y a le truc rouge sur l'enveloppe !"
    Voilà comment j'ai su qu'Inayat, grave accidentée du travail et illettrée, avait reçu son indemnisation !
    Parce que ceux qui savent pas lire ... y'a des employeurs qui les emploient ... et faut voir dans quelles conditions !
    J'M Inayat et tous les démunis dans son cas.

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    1. Ton commentaire me fait soudainement me souvenir de deux choses. Une anecdote personnelle et un souvenir de lecture.
      Mon fils devait avoir deux ans et demi, trois ans peut-être, nous partions en vacances et au fil de la route il égrenait les noms de bien des enseignes que nous croisions, il ne savait pas lire, il reconnaissait seulement les logos et associait des noms à des images qu'il avait vus et entendus à la télévision.
      Je me souviens aussi de Napator, ce gamin croisé, il me semble chez Pagnol. Le père de Napator, brave paysan de ce temps là, ne savait pas bien écrire et dans le mot d'excuse donné à son fils pour justifier une absence il avait écrit "napator".

      Il sont nombreux ceux que nous croisons chaque jour qui, sans que nous le sachions, n'ont de l'écrit qu'un souvenir bien vague. Je me demande parfois comment ils font pour trouver en permanence des subterfuges pour que cela ne se voit pas, comment ils trouvent la force de réinventer sans cesse une autre façon de lire. C'est cette force que j'admire chez eux. C'est ce que je n'aime pas chez nous qui ignorons (ou qui ne voulons pas savoir) qu'ils sont un peu "autres".

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  2. La reconnaissance des enseignes de la façon décrite n'est d'ailleurs pas limitée aux illettrés.
    Un lecteur utilise les mêmes ressources que l'illettré pour identifier une enseigne encore trop éloignée pour être lisible grâce à ses couleurs ou à sa forme. Ce ne sont pas ses capacités de lecteur qui fonctionnent à ces moments-là mais exactement les mêmes capacités que les non-lecteurs.

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    1. Les créateurs de logos, d'enseignes l'ont d'ailleurs bien compris et nous proposent (nous envahissent) d'images que nous ne pouvons qu'identifier immédiatement.

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