mercredi 30 octobre 2013

1971 vs 2013 : La réponse de Najat Vallaud-Belkacem aux 343 salauds.

La couverture du Nouvel Obs'
en 1971

« Les 343 salopes réclamaient de leur temps le droit de disposer librement de leur corps. Les 343 salauds réclament le droit de disposer du corps des autres.
Ça n’appelle aucun autre commentaire. »

Najat Vallaud-Belkacem


Pas mieux, pareil.

lundi 21 octobre 2013

Des clics et...des livres.

Rien à voir avec le sujet qui a intéressé Nicolas et Seb Musset il y a quelques jours.

Encore que j’aurais pu y mettre mon grain de sel, préférant me rendre chez un bon vieux libraire plutôt que de céder à la facilité de quelques clics sur un site de vente en ligne.

Si la plupart du temps je sais avant de pousser la porte ce que je suis venu chercher, j’aime ce temps de flânerie, caresser du regard ces dos offerts, aller de l’un à l’autre, feuilleter quelques pages, m’arrêter sur une ligne ou un paragraphe au hasard.

Certains pour appuyer leurs choix de l’achat en librairie argueront du conseil avisé du libraire or si je n’ai pas besoin du libraire pour me dire ce que je dois lire, si je n’ai pas besoin non plus de lui pour me dire ce qu’il serait bon que je lise, j’apprécie néanmoins qu’il me donne son avis, son sentiment sur tel ouvrage que je me propose d’acquérir. Mais je ne suis pas dupe, si cet aimable commerçant me dirige vers tel auteur plutôt que vers tel autre, vers telle maison d’édition plutôt que vers telle autre c’est que bien souvent il y trouve un intérêt financier. Tout ceci ne me pose pas de problème, après tout il faut bien que ces gens gagnent de l’argent. Et puis au final je fais toujours ce que je veux, ne cédant jamais (presque jamais) aux sirènes du dernier auteur à la mode, celui qu’il faut absolument avoir lu sous peine de passer pour un inculte...

Bien sûr il reste des purs, des femmes et des hommes qui ont fait des mots leur raison de vivre, des passionnés de littérature qui lisent tout ce qui orne les rayonnages de leurs librairies. Des gens qui vouent à l’objet « livre » un culte exclusif. J’ai eu la chance d’en connaitre de ceux là, il y a longtemps, ils ne sont plus là. Disparus je ne sais où. Je les imagine aujourd’hui vivants seuls au milieu de leurs compagnons de papier, un peu tel cet autre dans cette scène écrite par Giono dans son Hussard sur le toit.


La pièce était éclairée par le grand brasier de l’âtre. La haute fenêtre qui donnait sur les ruines ne laissait pas entrer beaucoup de jour ; ses petits carreaux étaient embrumés de l’extérieur par les nuages qui passaient à ras de terre et à l’intérieur par un épais encadrement de poussière. Les flammes qui jaillissaient avec assez de force d’énormes bûches permettaient de voir l’énorme entassement de meubles très riches mais fort mal entretenus et tous surchargés de gros bouquins et de tas de papiers sur lesquels s’essayaient à l’équilibre des pichets, des brocs, des bols, des cuvettes, des bouteilles, des casseroles, des louches, des pipes de toutes grosseurs, de toutes les formes et même des tiroirs pleins d’ustensiles de cuisine. Des étagères chargées de livres en files inclinées comme les blés sous le vent couraient tout le tour des murs. Les tables, rondes, carrées ou ovales et les guéridons que le poids de la paperasse éreintait et qui inclinait leurs plateaux de droite et de gauche, les commodes, les secrétaires, les tabourets placés au hasard et entre lesquels circulait une sorte de sentier, laissaient cependant devant le feu un assez grand espace libre dans lequel étaient placés deux fauteuils se faisant vis-à-vis et une très jolie table à jeux, fine comme une belle enfant. La table portait une lampe à pompe et un livre ouvert. Tout, sauf cette table, cette lampe, ce livre et un des fauteuils, était saupoudré de poussière blanche.


D’autres me diront que l’achat en ligne c’est l’avenir, que les étagères virtuelles sont bien plus garnies que ne sauraient l’être celles de mon libraire, que chez ces marchands point d’horaires, tout est disponible, toujours, tout le temps, juste au cas où il me prendrait l’envie soudaine à trois heures du matin de m’offrir la biographie de Djamolidine Abdoujaparov, ce coureur cycliste ouzbek connu aussi sous le sobriquet de l’ « Express de Tachkent ».

On a parfois de curieuses envies à trois heures du matin...

Je sais bien que mon refus de céder à la tentation de l’achat sur des sites tels qu’Amazon (« Des milliers de produits en stock ») ne sauvera pas les petites librairies, elles vont continuer de disparaître les unes après les autres. Ces changements sont inéluctables. Ne resteront que quelques boutiques qui, à côté du dernier Cyril Lignac, des guides de bien-être et autres machins à la mode (parce qu’il faut bien payer le loyer du fonds de commerce mon brave monsieur) proposeront sur leurs tables de vrais livres.

Avec tout ça j’en ai presque oublié le pourquoi de ce billet.

Juste une anecdote de lecture.

L’autre soir, comme chaque soir d’ailleurs, je lisais tranquillement. Un peu distraitement aussi. Si ma préférence va aux auteurs « classiques », il m’arrive, quitte à être déçu, de céder parfois à la tentation de la nouveauté.

Je lisais donc, ou plutôt je vagabondai parmi des pages insipides. Au détour d’un point, une phrase en caractères gras. Ni une ni deux, me voilà cliquant sur la phrase attendant vaguement qu’une autre fenêtre s’ouvre... Comme si le livre n’était plus suffisant, comme si ma boulimie de savoirs me poussait à chercher au-delà des mots imprimés.

A moins que je me sois un peu assoupi ?