samedi 8 février 2014

Ils sont devenus fous.

Photo : AFP / Thierry Zoccolan
J’avais oublié.

C’était l’autre matin, un de ces matins ordinaires de semaine. Près du bistrot qui m’accueille chaque jour, je laisse traverser un gamin, treize ou quatorze ans, pas plus. Ce satané mioche, tout en traversant la rue du plus lentement qu’il pouvait m’a adressé une quenelle bien appuyée. Genre « tu vois vieux con je t’ai obligé à stopper pour me laisser passer ».

J’ai bien failli descendre de la bagnole. J’ai hésité un court instant entre l’envie de lui balancer une paire de tartes et celle de le tancer. J’ai finalement laissé tomber. A quoi bon.

J’aurais du cependant descendre de voiture, pas pour lui mettre la baffe qu’il méritait mais pour essayer de comprendre ce qui avait motivé son geste, essayer de tirer au clair ce qu’il avait voulu me signifier.

Je reste persuadé que cet ado n’a agit que par mimétisme, que dans cette gestuelle qu’il a reproduite il n’y avait pas cette autre symbolique.

Phénomène inquiétant tout de même.

J’avais oublié cette anecdote jusqu'à ce que Juan relaie une information du Parisien. Des ânes ont pris la pose, bras tendu vers le bas, une main à hauteur d’épaule dans les ruines de l’église d’Oradour-sur-Glane.

Sans doute vaudrait-il mieux passer sous silence cet acte odieux, sans doute vaudrait-il mieux ne pas donner à ces décérébrés le plaisir de la publicité.

Sans doute.

On est loin de ce gamin croisé dans la rue. Ces deux jeunes hommes savaient ce qu’ils étaient en train de faire, ces deux jeunes hommes connaissaient la valeur symbolique des lieux qu’ils étaient en train de souiller.

François Hollande, Joachim Gauck et Robert Hébras ; un des derniers survivants du massacre ; étaient en septembre dernier à Oradour-sur-Glane sur les lieux mêmes qui ont servi de cadre à la mise en scène de nos deux lascars. On peut s’interroger sur une autre portée de ce geste, auraient-ils eut l’esprit suffisamment torturé pour s’adresser au Président par delà l’histoire ?

Quoiqu’il en soit, une enquête est ouverte. Des sanctions tomberont peut-être.

Il nous faut être vigilants chaque jour. Il nous faudra peut-être parfois descendre de voiture.

Ne pas laisser faire. 

4 commentaires:

  1. Il est chouette ton billet.

    Ça fait longtemps, je trouve qu'ils sont devenus fous. Ce qui me rassurerait presque, c'est qu'aujourd'hui on commence peut être à prendre la mesure de la déliquescence des choses.

    Bon billet...

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    1. Merci, j'écris les choses comme je les ressens.Sans talent, sans l'analyse que peuvent avoir nos collègues.
      Le simple regard de quelqu'un en colère.

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