jeudi 1 mai 2014

Noms de pays : l'âne et les deux frères

Tiens, comme ça fait plusieurs jours que je n’ai rien glandé dans ce blog, je m’en vais te raconter une petite histoire toute droit sortie de la bouche d’un de mes collègues de comptoir.

L’autre matin je traînais au bistrot.

En fait ça commence mal. Je la refais.

L’autre matin, comme chaque matin de la semaine d’ailleurs je traînais au bistrot. Un passage obligé depuis des années. Jusque là, rien d’exceptionnel à ça. J’imagine qu’on doit bien être quelques centaines de milliers de lascars à user nos coudes sur les zincs à la même heure. D’ailleurs il faudrait qu’un de ces prochains matins j’essaie d’aller directement au boulot, comme ça, juste pour voir la saveur qu’aurait la journée sans cette pause quotidienne sur la route.

Une sorte de défi.

Oui, oh ça va hein ! On a les défis qu’on peut !

Sans compter que cette histoire me ferait gagner une demi-heure par jour. Au choix :

- Une demi-heure de sommeil en plus.
- Une demi-heure de glandouillage à la maison.

Tu me diras que je pourrais aussi arriver une demi-heure plus tôt au boulot.

Oui certes....

Encore que je ne suis pas si sûr que ce temps de bistrot soit forcément du temps perdu. Ben oui, parfois j’apprends des trucs. Comme l’autre matin.

Ce sont souvent les mêmes gus au comptoir, des gars que je croise depuis des années. A force de se coudoyer comme ça chaque matin, des liens certes ténus mais des liens tout de même, se créent. Des habitudes aussi.

Ainsi j’ai la manie de demander à un de mes voisins où il va aller bosser ; le gars monte des cuisines un peu partout dans le département, il a toujours tout un tas d’anecdotes à nous raconter, des trucs parfois hallucinants. Des trucs parfois si improbables que j’en suis souvent à me demander s’il n’en rajoute pas un tout petit peu. Bon bref on s’en fout, ce n’est pas le sujet.

J’en reviens à mon histoire de l’autre matin, je demande à Gérard (on va l’appeler Gérard) où il compte aller exercer ses talents et lui sans presque lever le nez de son journal me répond :

« Chez les soyeux d’bourrique »

Même si j’ai fait patois première langue, là j’avoue que je suis resté un peu sec devant l’image.

Bon, je te traduis le truc :

« Chez les scieurs d’âne »

Tu n’es pas plus éclairé ?

Ben sur le coup moi non plus. Il a fallu que le gars Gérard m’explique l’histoire.

Dans le vieux temps, dans ce bled, il y avait la mère, le père et les deux frères. Des petits fermiers d’après ce que j’ai pu comprendre. Le père meurt, la mère aussi. Restent les deux frères. Ces deux zouaves qui s’entendaient à peu près bien jusque là on commencé à se prendre le chou pour des histoires d’héritage. Chacun d’eux voulait l’exacte moitié du patrimoine. Ça allait comme ça tant bien que mal jusqu’à ce que se pose le problème de l’âne....

Aussi têtus que peut parfois l’être ce noble animal, chacun des deux frangins voulait récupérer l’âne, impossible de trouver un accord sans mettre en péril l’équilibre qu’ils s’acharnaient à construire depuis des semaines.

L’histoire n’a pas retenu lequel des deux loustics a trouvé la solution pour que le partage des biens se fasse pour exacte moitié, toujours est-il que ces cons ont coupé l’âne en deux !

Fin de l’histoire.

Enfin presque.

Bon, je ne suis pas tout à fait dupe, même s’il y a un fond de vérité dans toute cette histoire, cela m’étonnerait tout de même que les deux frères en soient arrivés à une telle extrémité pour parvenir à une si parfaite égalité du partage.

Il n’empêche que depuis l’autre matin je me demande dans quel sens ces zèbres ont bien pu couper l’âne.

Sinon, dans le même genre de délire, je te laisse réfléchir sur « les croqueux d’oreilles ».


Edit du 25/09/2014

Mon camarade Gérard (on va continuer de l’appeler Gérard pour plus de commodité), mon voisin de comptoir donc, m’a ramené l’autre matin une affiche qui trônait somptueusement à la vitrine de je ne sais plus trop quel commerce des environs.

Une affiche qui atteste de l’entière véracité de l’histoire que j’avais essayé de vous conter il y a quelques mois.

Une seule déception en regardant les détails : Ce satané bourricot est coupé par son milieu, enlevant par là toute possibilité de rêverie à propos du comment s’est soldé ce désaccord familial....



8 commentaires:

  1. Quasi hors sujet : je vais tous les matins au bistro mais je n'y passe que rarement plus de 5 à 10 minutes. Si le serveur n'a pas trop de boulot, il me voit arriver et prépare mon café. J'ajoute du lait, je bois, ça prend moins d'une minute.

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    1. Bah, pas bien grave d'être un peu hors sujet, ça me fait plaisir que tu sois passé par ici.
      Nous avons juste des habitudes différentes, d'ailleurs je me demande si nos usages ne sont pas représentatifs des lieux où nous vivons. Faudrait creuser.

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  2. Une moitié de bourrique ça peut le faire : bour/rique, on coupe en biais et le tour est joué ...

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    1. Donc si je te suis bien, en considérant que l'on a une vue de dessus du bourricot, on coupe en partant de l'oreille droite pour terminer à la patte arrière gauche. Ok, mais pour la queue qui est si je ne m'abuse vers l'arrière et bien au milieu de la bestiole, on fait comment pour la queue ?

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  3. je sais pas comment ils l'ont coupé, mais le saucisson d’âne, c'est un délice.

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    1. Jamais eu l'occasion de goûter et hop sur la liste des prochaines emplettes !

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  4. Donc le cuisiniste va bosser dans la vile de l'Anendeux.... J'ai bon ?

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    1. T'as tout bon ! Et en plus ce n'est pas dénué d'une sorte de poésie qui n'est pas pour me déplaire ;)

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