vendredi 26 septembre 2014

La photo de la semaine #12




J’ai longtemps hésité avant de publier cette photographie d’Hervé Gourdel.

J’ai longtemps hésité, pensant que cela ne servirait à rien, pensant que de toute façon ma petite voix se perdrait dans l’immense brouhaha qu’est internet.

Un hommage de plus rendu à un homme assassiné par un groupe terroriste.

Un hommage nécessaire.

J’étais moi aussi l’autre soir confortablement installé au volant de ma bagnole pensant plus égoïstement à mes prochaines vacances qu’aux événements tragiques qui ensanglantent notre monde.

J’écoutais vaguement le défilé des infos du jour, toujours les mêmes voix annonçant toujours les mêmes affaires, toujours la finance qui va mal, toujours le décryptage en long, en large et en travers des petites phrases assassines des futurs prétendants à la prochaine grande échéance électorale pourtant encore si lointaine. J’allais changer de station pour chercher un peu de réconfort dans quelques musiques légères.

Et puis j’ai entendu cette tragique nouvelle, j’ai monté le son, ralenti un peu.

Trouvé un endroit où m’arrêter.

J’étais abasourdi, choqué par cet assassinat. Choqué par cette nouvelle mise en scène de la mort d’un homme. Comme la plupart d’entre nous je ne connaissais pas Hervé Gourdel, pas plus que je ne connaissais James Foley, Steven Sotloff et David Haines qui eux aussi ont été lâchement assassinés au nom de je ne sais quel idéal. Et pourtant j’avais la gorge serrée. La brutalité, l’intrusion soudaine de la mort violente d’un de mes compatriotes venait de rompre l’illusion que j’avais qu’Hervé s’en sortirait, qu’il serait ou libéré ou retiré des mains de ses geôliers par des troupes d’élite.

Je ne comprends plus le monde dans lequel nous vivons, je ne comprends pas qu’au nom du détournement d’une religion (oui, je sais l’affaire est plus complexe que ce raccourci que je me permets) on puisse tuer, assassiner, violer.

Est-ce que je vis à contretemps ? Est-ce que je suis à ce point protégé que tout ce qui se passe en dehors de ma sphère glisse sur moi sans laisser de traces ?

Je ne crois pas, je ne crois plus.

Nous vivons, chacun, avec nos soucis, nos joies, nos boulots qui accaparent la majeure partie de notre temps. Et pourtant j’ai ressenti après l’annonce de la mort de notre compatriote comme un élan, une sorte d’unité.




Il reste bien sur ceux pour qui l’amalgame est la règle et qui useront de toute la force de persuasion dont ils sont capables pour stigmatiser toute une partie de la population....

Il reste aussi ceux qui « récupèrent » sans vergogne....

6 commentaires:

  1. veux pas faire mon oiseau de mauvaise augure, mais il me semble bien qu'il y a une WWIII en cours... :'(

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    1. C'est malheureusement bien le sentiment que j'ai également.

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  2. Oui, il fallait en parler et, au-delà des grandes manœuvres géopolitiques ou stratégiques ("USA : grand Satan voulant récupérer tout le pétrole du monde arabe", etc.), dire ce que cet acte produit en nous.

    Merci

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    1. Je suis resté trop longtemps éloigné du monde pour parvenir à comprendre toutes les implications de ces conflits, mais il est certain qu'au delà "du ne pas laisser faire", d'autres intérêts sont en jeu.

      Vous avez saisi le sens de ces quelques lignes, celui seulement d'essayer de dire (sans doute bien maladroitement) l'indescriptible horreur ressentie lorsque j'ai entendu la nouvelle. A plusieurs heures de distance je reste choqué par tant de barbarie, par la mise en scène odieuse de ces assassinats.

      Que cherchent-ils, sinon répandre la peur ?

      Est-ce que ces groupes terroristes pensent que c'est en répandant le sang qu'ils parviendront à faire adhérer à leur idéologie ?

      Autant de questions sans réponse.

      Pour autant on ne peut pas, on ne doit pas laisser un crime impuni.

      Et se posent d'autres questions....

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  3. Il s'agit de barbares aveuglés par une idée fixe qui efface tout raisonnement. Ils suivent la ligne sans réfléchir et n'ont plus d'autre horizon que leur idéologie, et aucune limite humaine puisque ce ne sont plus des humains pendants mais des machines programmées pour tuer en espérant gagner un parfois hypothétique auprès d'un Dieu vengeur. Ainsi tout être humain normalement constitué ( c'est à dire ayant gardé un peu d'éthique) ne peut comprendre ce qui ce passe à l'intérieur de ces êtres là.
    Toutes les époques ont connu ce genre de bêtes sanguinaires mais à notre époque les moyens techniques permettent de décupler la puissance malfaisante.

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    1. J'ai tardé à répondre à votre commentaire. Pas tant à cause de la colère que j'y ai senti que parce que je cherchai un mot pour qualifier les horreurs commises au nom d'une religion (je sais bien qu'il ne s'agit pas que de cela, d'autres enjeux encouragent ces fous dans leurs exactions).
      Je coudoie presque quotidiennement dans le bistrot qui m'accueille chaque matin quelques musulmans pratiquants et il nous arrive; pas souvent mais parfois, quand nous sortons fumer, d'évoquer ce sujet. Je n'ai jamais senti dans leurs propos quelque fanatisme que ce soit, juste l'évocation de moments de partage pendant la prière, seulement le respect des convictions de chacun.
      Alors j'ai réfléchi, j'ai lu aussi quelques textes à propos du Coran, à propos du concept de Djihad, et je n'ai trouvé qu'un mot qui convienne pour définir ce que je ressens face à ce déferlement de violence : Détournement
      Détournement du texte sacré.

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